Un kibboutz en Corrèze.
Presses de la Cité. (groupe Editis). Paru le 23 septembre 2021.
Diffusion Inter Forum. Roman historique, collection Terre de France.
Auteur Jean-Luc Aubarbier.
Ouvrage disponible. 21 euros.
D’après une histoire vraie. En 1933, le baron de Rothschild loue à Nazareth, en Corrèze, une ferme pour former à l’agriculture les jeunes Juifs qui fuient le nazisme. Ils doivent ensuite gagner la Palestine. Ils sont Juifs, communistes, intellectuels et surtout allemands. A Nazareth, les paysans n’ont jamais vu de juifs, se méfient des marxistes et haïssent les boches. On se méfie aussi de ces ‘filles en short’ qui risquent dépraver la jeunesse locale. Au temps de la méfiance va succéder celui de l’amitié, car ces gamins (ils ont entre 16 et 22 ans) sont travailleurs, enthousiastes et bien élevés. C’est cette étrange rencontre que j’ai voulu saisir dans ce roman, ce beau moment d’humanité. Mais il y a un ‘méchant’ dans l’histoire. Le sous-préfet de Brive, fasciste dans l’âme, est prêt à tout pour fermer le kibboutz. Surtout depuis que son fils unique, Frédéric, s’est amouraché de Sarah, une fille du kibboutz. La deuxième partie du roman se déroule à Sarlat pendant la guerre. Frédéric et Sarah sont entrés en résistance: il fabrique des automitrailleuses, elle tricote des poupées vendues au profit de la résistance….
Extrait 1.
La femme examina la blessure sans rien dire, puis s’éloigna de son pas bancal de crapaud. Elle revint quelques minutes plus tard avec de l’alcool, du coton, des bandages. Elle posa le tout sur la table, contemplant le jeune blessé aux vêtements tachés de sang. -il ne doit pas être plus âgé que mon Benoit quand il est mort, murmura-t-elle. Les Allemands me l’ont tué. Des Allemands comme vous. – Nous… nous avons fui l’Allemagne, madame, balbutia Magda. La vieille femme se pencha sur Elie, défit le garrot improvisé et commença à le soigner avec des gestes maternels. Le regard doux qu’elle posait sur lui s’adressait à un autre.
Extrait 2.
Déployés sur un seul rang, les colons effectuaient en rythme le même geste et couchaient sur le sol les épis mûrs. On aurait dit les violonistes d’un orchestre ou les rameurs d’une compétition d’aviron. Tous les pas étaient d’une longueur identique, le bras lançait l’instrument en arrière puis la lame, vigoureusement projetée, accomplissait son oeuvre d’abondance. Le travail des autres dépendaient de chacun et l’on ne pouvait s’arrêter qu’ensemble, pour boire à la régalade l’eau fraiche de la gourde ou sortir de son étui la pierre à aiguiser, que l’on passait d’un mouvement régulier des deux côtés de la lame afin de lui rendre son tranchant.
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Salon du livre de Royat, 2 et 3 octobre 2021.