GEORGES GUINGOUIN, UN HEROS.
Le Tour des Livres.
Parmi les héros de la Résistance, il en est un, discret et atypique, qui concerne particulièrement cette R5 (Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne) bien connue des Périgourdins. Dans « Un héros. Vie et mort de Georges Guingouin », paru chez Gallimard, Jean-Pierre Le Dantec rend hommage, dans un récit à peine romancé pour les besoins de l’écriture, à Georges Guingouin, qualifié de « premier maquis de France ». Simple soldat, blessé en 1940, il n’attend pas l’armistice dans son lit d’hôpital et gagne son Limousin natal pour prendre le Maquis. Militant communiste, il n’attend pas non plus le mot d’ordre du Parti, empêtré dans le pacte germano-soviétique, pour prendre les armes. Ce deuxième classe deviendra, à la tête d’une armée, le colonel Guingouin, préfet du maquis, qui organise l’attaque de l’usine du Palais/Vienne et la destruction du viaduc de Bussy-Varache. Au cours de la bataille du mont Gargan, en juin 1944, il tient tête à l’armée allemande. Le parti communiste tiendra rigueur à ce rebelle en tentant plusieurs fois de l’assassiner, puis en tentant de déshonorer celui qui était devenu le maire de Limoges libérée par ses soins. Guingouin, dépité, rendra sa carte et reprendra, dans la région de Troyes, son métier d’instituteur. Ce Cincinnatus moderne mourra dans l’anonymat en 2005.
« Baïnes », roman de France Cavalié, paru chez Robert Laffont, applique à l’âme humaine le comportement de ce courant bien connu sur les plages du littoral aquitain, contre lequel il est impossible de lutter. Seul survie celui qui se laisse porter. Divorcée, Rose tombe amoureuse d’Oleg, un galeriste d’art, et s’installe avec lui à Biarritz, dans les années 80. Malgré une vie excitante, Rose ne tarde pas à tomber en enfer, car Oleg se révèle d’une jalousie maladive tout en s’adonnant à l’alcool. Pour survivre avec ce violent qu’elle aime, Rose va devoir jouer serré… et suivre le courant. Un roman étonnant, à l’écriture violente et fracassée.
Ne quittons pas le Pays Basque avec Harald Cobert et son roman « Lignes brisées », paru chez Héloïse d’Ormesson. Auteur à succès, Gabriel retrouve à Bruxelles Salomé, avec qui il a connu un premier amour, lorsqu’ils étaient adolescents, à Bordeaux et Biarritz. Peut-on revivre sa jeunesse ? Malgré la nostalgie qui les étreint, Gabriel et Salomé ne parviennent pas à se retrouver. La maladresse, l’inexpérience de l’adolescence, ont causé chez l’un et l’autre des blessures jamais refermées. Un roman plein de fraicheur.
En cette année 2015, la mémoire du génocide arménien perpétré un siècle plus tôt par le gouvernement turc saigne avec plus d’abondance. Chez Fayard, l’historien Vincent Duclert publie « La France face au génocide des arméniens ». Quelle a été l’attitude de notre pays, empêtré dans une guerre mal engagée au moment où l’on découvre les horreurs ? Devant la lâcheté internationale, des militaires ont outrepassé les ordres pour venir au secours des malheureux. Peine perdue, victimes de la lâcheté internationales, la plupart sont morts dans l’indifférence générale.
Chez Sudarênes, le Sarladais Nicolas Bouvier publie « Souviens-toi », son cinquième roman. Gérants d’une librairie à Périgueux, Hugo et Anne vivent deux rêves différents. Elle se complet dans l’amour réciproque qu’ils se donnent ; lui se veut écrivain. Par amour, elle va l’aider à réaliser ses ambitions, à écrire, à trouver un éditeur, à voguer sur l’océan de la littérature et des livres. Mais que cache ce désir d’écrire : devenir immortel ? Séduire les autres ? Payer une dette familiale ? Guérir une ancienne blessure ?
Spécialiste des affaires criminelles, Rudi Meunier nous propose, chez Marivole, « Delcouderc et Mérilhou, deux scélérats qui ont fait trembler le Périgord ». Voleur et assassin, au milieu du 19e siècle, Pierre Delcouderc fut jugé et guillotiné à Périgueux. Son souvenir hanta la région pendant des décennies, inspirant les feuilletonistes et Eugène Le Roy. Cinquante ans plus tard, « l’insignifiant » Jean Mérilhou se transforma soudain en un serial killer qui fit trembler tout le nord du département. Ces deux assassins que tout séparent (origines, mobiles, modes de vie) sont réunis dans un même ouvrage car leur histoire est digne d’un roman.
JEAN-LUC AUBARBIER.
TALENCE, débat dédicace le 30 avril 2015. Article suivant
Salons, conférences, dédicaces, MAI 2015.