UNE FEMME QUE J’AIMAIS.
Le tour des livres.
Chantre de l’humanité ordinaire, Armel Job nous ravit une nouvelle fois avec « Une femme que j’aimais », son dernier roman chez Robert Laffont. Claude Jansens, quinquagénaire à la vie sans éclats, décide de mener une enquête sur sa tante Adrienne, qui vient de décéder brutalement, et qu’il a aimé toute sa vie en secret. Jeune homme solitaire, il adulait cette femme belle, libre et mystérieuse, qui avait épousé, on ne sait pourquoi, le frère de son père. Claude découvre vite qu’elle menait une double vie, sous le nom d’Angelina. Toute jeune, elle avait aimé à la folie un immigré italien, mort dans un accident à la mine. Enceinte, elle s’était retrouvée devant un dilemme : que faire de cet enfant impossible à garder ? Avorter ou le faire adopter. Claude a reçu en ‘héritage’ de sa tante, une enveloppe emplie de photos, et une icône. Cette femme est-elle morte d’avoir été trop libre ? Ou pas assez ? Etouffée par la société ou assassinée par les bien-pensants. Les propres parents du narrateur se retrouvent impliquer dans l’affaire. Sur ses pas, le lecteur découvre les courants souterrains qui ont traversé l’existence d’Adrienne, jusqu’à provoquer sa mort.
Avec « Le cercle des Six », paru chez Terra Nova, Benjamin Faucon nous livre un thriller ésotérique et québécois. A 36 ans, Ewen Luneau est déjà vieux ; il mène une vie de médiocre professeur d’archéologie. Un soir, il découvre des notes laissées par son ancien directeur de recherche, mort d’une étrange piqure de serpent. Les coordonnées laissées par Durfort avant son assassinat mènent Ewen au Pérou, jusqu’au tombeau mystérieux d’un humain gigantesque. D’indices en indices, Ewen se rend en Irak puis en Chine où d’autres tombes sont découvertes. Aurait-il existé une race de géants dans les temps passé ? Ewen se retrouve vite au milieu d’un complot mondial où s’affrontent un milliardaire américain et le gouvernement chinois. Et si tout cela n’était qu’une vaste escroquerie ?
Les éditions Belfond ont publié le roman de Hugo Bettauer « Une ville sans juifs », paru à Vienne en 1924, un an avant que l’auteur ne soit assassiné par les Nazis. Cette œuvre de fiction se révèle prophétique. Nous sommes en 1922 à Vienne. Les Juifs occupent des postes importants dans la ville, au point que les autres citadins en prennent ombrage. Ils obtiennent du parlement l’expulsion de tous les Israélites viennois. Après une période d’euphorie, des pans entiers de l’économie s’effondrent ; le chômage et l’inflation galopent et la vie intellectuelle périclite. Hugo Bettauer n’avait pas prédit le pire…..
Chez Zulma, Hubert Haddad nous livre un roman lumineux avec « Casting sauvage ». Dans Paris, Damya doit recruter une centaine de figurants pour jouer le rôle des déportés, ombres fragiles et fugitives, dans l’adaptation du roman « La douleur » de Marguerite Duras. Avec son regard précis comme une caméra, la jeune femme repère le geste, la silhouette, l’instant, d’un promeneur, d’une passante, d’un artiste de rue. Mais elle porte avec elle l’espoir insensé de retrouver le garçon d’un rendez-vous manqué qui hante sa mémoire. « Casting sauvage » est une sorte de chorégraphie savante à travers Paris, un ballet qui réunit les morts et les vivants, le passé et le présent. L’adaptation de « La douleur » vient de sortir au cinéma avec Mélanie Thierry dans le rôle de la romancière.
Ce sont six nouvelles que nous propose Charles Gancel, rassemblées dans le recueil intitulé « L’inaccessible », chez Buchet-Chastel. Il y a dans celui ou celle que nous désirons des zones dont nous ne savons rien, des contrées entières qui nous sont interdites….Plus ces contrées sont grandes, lointaines, menaçantes, plus intense est le désir. Six nouvelles pour explorer l’inaccessible, ce qui dans l’autre, ne nous appartient pas mais qui, parfois, s’invite dans notre histoire, pour le meilleur ou pour le pire.
JEAN-LUC AUBARBIER.
ESSOR SARLADAIS du 2 mars 2018 Article suivant
Dédicace à la librairie PAGE et PLUME à LIMOGES, le 7 avril 2018