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by • 10 septembre 2017 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 8 septembre 20171898

ESSOR SARLADAIS du 8 septembre 2017

 

 

RETOUR AUX KENNEDY.

Le Tour des Livres.

 

Dans son dernier roman, « Ils vont tuer Robert Kennedy », paru chez Gallimard, Marc Dugain retourne à ses premières amours. La saga des Kennedy n’en finit pas d’intriguer, comme ces grands mystères qui hantent l’humanité. On pourrait croire qu’on a inventé avec eux la théorie du complot. Le narrateur, professeur d’histoire à Vancouver, est persuadé que la mort de ses parents est liée à l’assassinat de Robert Kennedy. Devant l’inertie des autorités, il mène sa propre enquête. Il est vrai que l’assassinat de John, le chouchou de l’Amérique, a totalement éclipsé celui de son frère. Quand le discret, le faible, le pur et honnête Robert devient le favori de l’élection présidentielle, il est de fait condamné à mort. Les forces nocives qui s’étaient réunie pour exécuter JFK (la mafia, ancienne alliée du patriarche Joseph Keneddy, La CIA qui n’accepte pas le renoncement de la baie des cochons à Cuba, le complexe militaro-industriel) vont se retrouver pour armer un nouveau tueur. Ce ne sera plus le communiste Lee Harvey Oswald, mais le Palestinien Sirhan. Là aussi, l’examen du meurtre montre qu’il y avait probablement plusieurs tireurs. Un roman vrai qui se lit comme un polar.

Après Salman Rushdie (« Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits »), Kamel Daoud propose sa propre et talentueuse interprétation des Mille-et-une nuits avec « Zabor ou les Psaumes », chez le même éditeur, Actes Sud. Le narrateur, un jeune homme, est doté d’un étrange pouvoir (qu’il a peut-être dérobé à Dieu, comme Prométhée le fit du feu) : il guérit par les livres et l’écriture. Quand son père, homme brutal et cruel qui le hait et l’a rejeté après avoir tué sa mère, arrive aux portes de la mort, Zabor se retrouve dans l’obligation de le sauver, sinon ses frères vont lui régler son compte. Alors il lit, il écrit et son écriture éloigne la camarde. Tant qu’il peut écrire, lui-même ne mourra pas. Un roman magnifique et puissant, qui emprunte à la culture mondiale. Est-ce que la littérature peur sauver le monde du chaos ? Peut-elle éloigner le fanatisme ? Peut-elle nous donner le bonheur auquel nous aspirons tous ? Un roman puissant, incantatoire, qui emprunte aux textes sacrés (Zabor est le nom, dans le Coran, des Psaumes bibliques).

Travail de mémoire avec Carine Fernandez et son dernier roman, paru aux Escales « Mille ans après la guerre ». Miguel est un vieux solitaire qui vit avec son chien Ramon près de Tolède. Quand il apprend que sa sœur, devenu veuve, va venir vivre avec lui, pris de panique, il s’enfuit. Vers où ? Vers son passé, l’Estrémadure où il n’est jamais retourné depuis la guerre civile. Il retrouve son village enseveli sous les eaux d’un barrage… et les souvenirs remontent à la surface comme des bulles d’air soudain libérées. Sa jeunesse s’en revient, belle et terrible, et la mémoire de son frère jumeau assassiné par les Franquistes.

Michel Testut est sans nul doute une des plus belles plumes du Périgord. Si la fiction le fuit, il n’a pas son pareil pour tisser des textes écrits au jour le jour, des brèves qui embaument les petits plaisirs, les délices du quotidien, la vie. Son dernier ouvrage, « Jubilations », paru aux éditions de La Lauze, nous propose un florilège de courtes proses, ciselées au jour le jour, comme des miniatures.  On pourrait, à son propos, évoquer Philippe Delerm ou Christian Bobin, ces écrivains dont la petite musique nous enchante longtemps. Ils flânent, ils écoutent, ils respirent, ils rêvent… ils nous aident à vivre.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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