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by • 8 février 2018 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 8 février 2018.1878

ESSOR SARLADAIS du 8 février 2018.

 

 

MADAME BOVARY A LA DEFENSE.

Le Tour des Livres.

 

C’est un excellent troisième roman que nous propose Hervé Bel avec « La femme qui ment » édité par Les Escales. Sophie est une quadra dynamique, mais épuisée. Son travail dans la création marketing la dévore peu à peu. Tous les jours, elle se rend à la Défense où elle doit faire preuve d’une efficacité à toute épreuve. Mariée à Alain, prof de lettres et écrivain raté, elle est l’élément moteur du couple… mais le moteur, lui aussi, a des ratés. Au bout du rouleau, acculé par son patron qui l’accuse de négligences, elle s’invente une grossesse. Mais il va falloir aller jusqu’au bout de son mensonge, jusqu’à la ‘fausse-couche’ qui va la rendre à sa prison. Pourquoi s’enferre-t-elle dans ce mensonge vis-à-vis d’Alain. Lui aussi à quelque chose à cacher : il ne peut plus avoir d’enfant . Les quiproquos s’enchaînent, révélant le fond de sa personnalité. La réussite sociale, tout comme le besoin d’enfant, ne sont que des leurres pour échapper à soi-même et à la solitude et aux angoisses nées de son enfance.

Jean d’Ormesson nous a quitté en ces temps de fêtes, mais son œuvre se poursuit. Gallimard publie « Et moi je vis toujours », son dernier roman achevé quelques heures avant sa mort.  Il n’y a qu’un seul roman – et nous en sommes à la fois les auteurs et les personnages – l’Histoire. Tantôt homme, tantôt femme, le narrateur revisite l’histoire des hommes, depuis leur apparition sur terre. Et le miracle littéraire se produit : c’est bien Jean d’Ormesson qui transparait à travers cette vaste fresque. Laissons lui la parole : « Moi non plus, nous le savons, vous le savez tous, je ne suis pas éternelle puisque je suis le temps et que le temps s’écoule. J’ai passé. Je passe. Je passerai. Mais que l’Histoire est passé est une histoire éternelle. » Spinoza n’aura pas mieux dit.

Pourquoi l’historien anglais Laurence Rees s’est-il lancé dans une nouvelle étude de la Shoah ? Paru chez Albin Michel, son « Holocauste. Une nouvelle histoire » tente de répondre à la question toujours sans réponse : comment l’extermination des Juifs a-t-elle pu avoir lieu ? Tout semble si absurde, si dénué de sens… Après avoir recueilli 170 témoignages inédits qu’il passe au crible d’une analyse fine et dense, après avoir accumulé les détails et les documents, il livre au grand public, dans un style clair et accessible, de nouvelles conclusions sur cette page de l’Histoire qui nous hantera jusqu’à la fin des siècles.

C’est une autre manière de voir l’Histoire que nous propose le romancier suisse Jonas Lüscher avec « Monsieur Kraft ou la théorie du pire » paru chez Autrement. En difficulté dans son couple et dans ses finances, Richard Kraft, professeur de rhétorique  à Tübingen, pense pouvoir sortir de ses tracas en acceptant un challenge. Il doit participer à un concours organisé par une université de la Silicon Valley. L’objet : expliquer pourquoi tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes et pourquoi nous pouvons malgré tout l’améliorer. Ironique et drôle, le roman nous propose une vision du décalage absolu qui sépare la rationalité allemande de la légèreté californienne. Un duel semble opposer Kant et Leibnitz, l’humanisme moral et l’humanisme pragmatique.

« A l’origine du Mal, il y a la peur ». Tel est la phrase d’introduction du thriller que nous propose François Avisse dans son premier roman « L’Arracheur d’ombres », publié chez Terra Nova. En décembre 1564, le tsar Yvan le Terrible abandonne son trône pendant trois jours. Quand il revient, il semble obsédé par le sang et les tortures. De nos jours à Londres, Clara Villiers, médecin légiste, enquête sur le cas d’un tueur en série surnommé le ‘méticuleux’. La traque l’entraine aux confins de la Russie où, plus de quatre siècles après Yvan le Terrible, elle va devoir affronter l’origine de toutes les peurs.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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