ESSAIS SUR LE MAL.
Le Tour des Livres.
Enorme succès pour l’essai de Florence Bergeaud-Blackler, paru chez Odile Jacob, intitulé « Le Frérisme et ses réseaux ». Né en 1928, fondée en Egypte par le grand-père de Tarik Ramadan (qui ne l’a jamais renié) la secte des Frères Musulmans est à l’origine de tous les mouvements de l’islam intégriste et terroriste d’aujourd’hui. Dès l’origine, elle se pose comme anticolonialiste et propagatrice d’une vie entièrement dédiée à la religion. Son programme est semblable aux théories de Daech ou des Talibans : pas de musique, de danse, soumission totale des femmes, conversion forcée, guerre sainte contre les impies. Dans les années 30 et 40, les Frères, solidement soutenus par les Nazis, parviennent à réconcilier sunnites et chiites ; ils inspireront la révolution iranienne. Ils combattent pour chasser les Juifs de Palestine, alors sous mandat britannique. Après la guerre, chassés d’Egypte par Nasser, ils se réfugient en Arabie Saoudite où ils créent le salafisme. L’essai de l’auteure insiste sur les réseaux internationaux et nationaux qu’ils ont noués dans tous les pays, y compris en France.
Philosophe, spécialiste du racisme et de l’antisémitisme, Pierre-André Taguieff nous propose « Pourquoi déconstruire ? » aux éditions H et O. Cette théorie brandie un peu partout contre le monde occidental parait étrange à ceux qui aiment user de la raison. Cancel culture, déboulonneurs, wokisme, théories queer et du genre… S’il faut en croire ces nouveaux penseurs, il conviendrait de réduire à néant l’universalisme, de nier l’existence des hommes et des femmes, d’approuver toute action venant des populations ‘victimisées’ (femmes, LGBT, Noires e musulmanes). L’auteur montre comment ces théories aussi farfelues que dangereuses, provenant des Etats-Unis, sont en fait nées en Europe (et particulièrement en France), à partir de la déviation malsaine et puritaine des travaux philosophiques et sociologiques (Nietzsche, Marx, Heidegger etc). Cette nouvelle dogmatique représente un danger majeur pour la démocratie.
Les vampires, ça n’existent pas, mais tout le monde en a peur. Philippe Charlier a choisi de nous présenter, aux éditions du Cerf, « Le Traité sur les Apparitions et les Vampires » rédigé par le Bénédictin Dom Augustion Calmet au Siècle des Lumières. Critiqué par Voltaire, cet ouvrage marque un jalon important dans l’élaboration d’un rationalisme chrétien. Le monde de la raison, encore mis à mal aujourd’hui, ne s’est pas fait en un jour, et les grands mythes, comme celui de Dracula, nous fascinent encore.
Les éditions Folio rééditent l’essai du philosophe italien Carlo Ginzburg intitulé « Le Sabbat des sorcières ». Entre le XIV° et le XVII° siècle, dans toute l’Europe, des hommes et des femmes furent torturés et brûlés, accusés de s’être rendus au sabbat. L’ouvrage analyse leurs aveux, et ce qu’en on fait les accusateurs. Il apparait l’idée d’un complot (imaginaire) ourdi contre la chrétienté. Rappelons que l’image de la sorcière fut inventée par l’évêque de Saint-Lisier (Ariège) pour achever la condamnation des Parfaites cathares. Dans la même collection parait « Les Sorcières dans la littérature ».
Jean-Luc Aubarbier.
A la synagogue de Périgueux, le 3 décembre 2023. Article suivant
Dédicaces au Cultura de Marsac, le 15 décembre 2023.