Le Tour des Livres.
L’Ecossais Philip Kerr est un des meilleurs auteurs de thrillers historiques avec son héros récurrent, Bernie Gunther, policier rattaché de force à la S.S. et qui tente de ne pas perdre son âme dans l’effroyable conflit de la 2e guerre mondiale. Dans « Les ombres de Katyn », publié au Masque, il est envoyé à Smolensk où l’on vient de découvrir des milliers de cadavres d’officiers polonais massacrés par l’Armée Rouge en 1939, du temps où Staline et Hitler étaient alliés. Goebbels veut faire de cet évènement un scandale contre les Bolchéviques, pour faire cesser l’aide américaine. Mais il redoute que l’on veuille faire porter le chapeau aux Allemands. Gunther s’efforce de remplir sa mission, tout en découvrant un complot contre Hitler, mené par les Junkers allemands. Malgré son dégoût envers le Führer, il n’hésite pas à exécuter un comploteur pour sauver sa peau. Il découvre aussi que des soldats allemands, appartenant à une unité de transmission, sont régulièrement assassinés. Aidé par la belle doctoresse Inès (qu’il soupçonne quelque peu), il va résoudre, pour des prunes, une incroyable énigme.
Héloïse et Abélard forment un couple mythique. Jean Teulé, dans « Héloïse, ouille », publié chez Julliard, n’hésite pas à revisiter le mythe, à le moderniser et à l’écorner quelque peu. Le théologien que ne passionne que la rationalité, se laisse emporter par la passion quand il se retrouve le professeur de la jeune Héloïse, sa nièce. Le roman, rabelaisien en diable, relate avec jouissance les ébats des deux tourtereaux, avec moult détails. Grâce à cette version punk de la romance la plus célèbre de l’histoire de France, Jean Teulé nous laisse entrevoir un amour charnel qui touche au divin.
Chez Robert Laffont, Frédéric Mitterand publie « Une adolescence », la chronique de son enfance dans les années 60. Tiraillé entre son admiration sans borne pour le général de Gaulle et son affection pour son oncle François Mitterrand qui a le soutient de toute la famille, il se retrouve comme le vilain petit canard dans ce milieu bourgeois du 16e arrondissement, balloté entre son père et sa mère, sauvé finalement par la littérature et son goût immodéré pour la lecture.
Chez Belfond, l’Américaine Margaret Wrinkle a publié « Wash ». Wash, c’est l’esclave le plus productif, le plus fort que possède Richardson dans sa propriété du Tennessee. Alors que se poursuit la conquête de l’Ouest, en ce début de XIXe siècle, la main d’œuvre manque et le maitre décide de transformer Wash en étalon reproducteur. Le jeune homme est vite haï par les autres esclaves et sa vie est en danger. Mais il possède des dons de chaman, hérités de sa mère et revivifiés par Pallas, la belle métisse qui règne sur son cœur.
Il est rare de voir un écrivain centenaire et encore en activité. C’est le cas de Jean Anglade et ses éditeurs célèbrent dignement l’évènement de celui qui écrit depuis 60 ans, a publié 100 romans et vendus 1 million d’exemplaires. Chez Calmann-Lévy, il publie « Le grand dérangement », l’histoire d’un barbier protestant qui œuvre au Chambon/Lignon, enclave huguenote au cœur de la très catholique Auvergne. La pais règne entre les deux communautés, jusqu’à ce qu’un drame les sépare. Aux Presses de la Cité, il publie « Le Tour du doigt », l’histoire d’un jeune Auvergnat, mobilisé en 1914 et qui revient des tranchées avec une jambe en moins et une conscience en plus. Le même éditeur a rassemblé en un volume collector « La soupe à la fourchette » et « Un souper de neige ».
Chez Assyelle, Sébastien Devillers vient de sortir « Supporter la Terre », un thriller où un détective se lance sur la piste d’un serial suicideur, qui exécute ses victimes en faisant croire qu’elles ont toutes mis fin à leurs jours. Le criminel agit comme un justicier divin qui décide de qui mérite de vivre ou non.
JEAN-LUC AUBARBIER.
Salons, conférences, dédicaces, MAI 2015. Article suivant
ESSOR SARLADAIS du 14 MAI 2015.