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by • 6 juillet 2018 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 6 juillet 2018.1685

ESSOR SARLADAIS du 6 juillet 2018.

 

 

Djian l’Américain.

Le Tour des Livres.

 

Avec « A l’aube », publié chez Gallimard, Philippe Djian nous livre un de ses romans américains dont il a le secret. Après la mort de ses parents, Joan emménage à la campagne, sur la cote est, avec son jeune frère Marlon qui souffre d’autisme. Officiellement, elle travaille dans un magasin de vêtements de Nantucket, mais en fait, elle pratique la prostitution de luxe. Howard qui fut l’amant de sa mère, un être trouble et malsain, s’invite dans leur demeure, à la recherche d’un secret caché par les défunts. Il fouille partout, au grand désespoir de Marlon qui proclame : je suis le gardien. Mais le gardien de quoi ? L’adolescent ne veut rien dire. John, le shérif du village et voisin de Joan, garde un œil sur Howard qu’il soupçonne des pires turpitudes. Comme souvent chez Djian qui aime les caractères féminins très forts, Joan va se révéler une maitresse femme, capable de rétablir l’ordre autour d’elle, de faire son deuil et d’assurer en toute impunité l’avenir des siens. Il y a quelque chose de Faulkner, en particulier de son chef d’œuvre « Le bruit et la fureur », dans ce beau roman très bien écrit et agréable à lire.

Chez le même éditeur, David Foenkinos publie « Vers la beauté », un nouveau roman sur l’art et la peinture. Qu’est-ce qui prend à Antoine Duris, professeur aux Beaux-arts de Lyon, de tout quitter du jour au lendemain pour devenir gardien de salle au musée d’Orsay ? Sa vie lui semblait vide, avec un terrible et angoissant sentiment d’incertitude. Alors il a fui et s’est réfugié dans la Beauté. Ce célibataire a rompu totalement avec les siens pour passer ses journées devant les œuvres de Modigliani qu’il adore.  A l’exemple d’Yvan Denissovitch, le héros de Soljenitsyne, dans sa prison, il trouve un sens à sa vie en accomplissant sa tâche quotidienne et humble. On retrouve ici le Foenkinos de « La Délicatesse », avec ses héros blessés par les ruptures amoureuses, qui ne supportent pas d’avoir été quitté pour personne.

Avec « La Fille des Templiers », paru chez XO, Mireille Calmel entame un nouveau cycle romanesque. Le 19 mars 1314, Jacques de Molay, dernier grand maître de l’Ordre du Temple, est mort sur le bûcher. Huit années plus tard, l’Inquisition se rend dans une ferme, loin de Paris, pour s’emparer d’une jeune paysanne, Flore Dupin. La jeune femme parvient à s’échapper grâce à Armand, un rémouleur itinérant dont elle est amoureuse. Le roi Philippe le Bel aurait prononcé son nom avant de mourir. Elle est peut-être l’héritière du secret des templiers, un secret qui cause la mort de tous ceux qui ont participé à la destruction de l’Ordre. Souverain sans enfant, Charles IV recherche toutes les Flore Dupin du royaume. Mais sa maitresse, Jeanne de Dampierre, qui connait les sources du mystère, est prête à tout pour l’arrêter dans sa quête.

Chez de Borée, Maud Tabachnik, une des reine du polar français, publie « Scène de crime », un recueil de 17 nouvelles noires. On y croise une petite fille trop tranquille, une femme au foyer trop parfaite, un jeune-homme pétri de principes… sauf pour lui-même, une mère prête à tout pour protéger sa fille…. Chez Maud Tabachnik, l’innocence est souvent coupable et le besoin de justice encore plus pressant que dans la philosophie de Kant. Car si la vengeance est un plat qui se mange chaud, la rédemption reste toujours possible. Moraliste, notre Maud Tabachik ?

 

Jean-Luc  Aubarbier.

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