Une chronique tournée vers l’est.
Le Tour des Livres.
La Savoyarde Frédérique-Sophie Braize situe dans un village enclavé des Alpes son roman « Les Femmes naissent en montagne », paru aux Presses de la Cité. En 1910, Eudoxie meurt en donnant la vie à son dixième enfant, Angèle. Auguste son époux, sombre dans la mélancolie en se retrouvant à la tête d’une véritable tribu. C’est alors qu’intervient la nécessaire tante Marthe, sœur d’Eudoxie, célibataire qui a hérité sa beauté blonde de lointains ancêtres Burgondes. La beauté du diable, dit-on. C’est surtout une femme libre qui ne veut se faire dicter sa conduite par personne. Elle aime la nature, la montagne et la vie, et va faire entrer le soleil dans cette maison triste, allumant un incendie de modernité au milieu des traditions immuables. Le roman met en scène la vie rurale des montagnards, dans un univers encore empêtré de superstitions, où la science du médecin et les croyances du curé s’affrontent. Avec son humour et son sens du détail, Frédérique-Sophie Braize évoque la prose vigoureuse d’un Pagnol de Savoie.
Chez le même éditeur, toujours dans la collection Terres de France, Gilles Laporte s’inspire lui-aussi d’une histoire vraie pour nous raconter le destin singulier de Louane, une Bretonne qui se retrouve à Nancy, par le biais d’un père militaire, dans « Le Goût des mûres sauvages ». Il faut choisir lui dit son père qui aspire à en faire un clerc de notaire. Mais en cette année 1968 aux accents révolutionnaires, Louane préfère dire : je veux tout. Etre danseuse, sa vocation première, puis épouse d’un jeune paysan vosgien dont elle partage l’idéal écologique, et faire vivre ensemble ses deux passions. Lorsque Frédérick meurt dans un tragique accident, elle reprend seule le flambeau, élève ses enfants, assume son statut d’artiste et d’élue locale. Autour d’elle, les critiques pleuvent : une paysanne danseuse ! Et les actes malveillants ne manquent pas. Rien ne la fera renoncer à ses projets multiples. Un roman écrit dans un style poétique et flamboyant, nourri de lectures classiques.
Toujours chez le même éditeur, Murielle Holtz, musicienne et romancière, situe à Saint-Etienne, pendant la guerre, le cadre de « Prends toutes les rues qui montent ». Comme de nombreuses épouses en 1944, Suzanne attend le retour de son mari prisonnier en Allemagne. Veevie, sa fille ainée, se souviens encore de son père, mais à cesser de l’attendre. Le petit Jojo n’a qu’une photo pour souvenir. Suzanne vit au rythmes des colis qu’elle envoie, mais lorsqu’une lettre arrive, elle redevient l’épouse aimante. Jusqu’au jour où les bombes s’abattent sur la ville. Le récit du quotidien intime de celles qui espèrent…
Toujours aux Presses de la Cité, Françoise Bourdon nous propose « Camille, soleil levant ». Entre 1867 et 1919, nous suivons le destin de Camille, lingère à Montmartre et modèle pour Monet, et celui de sa fille Flora, au milieu des mouvements féministes menés par Louise Michel et la journaliste Séverine.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 29 novembre 2024. Article suivant
Dédicace à Périgueux, le 21 décembre 2024.