Arsène Lupin, le retour.
Le Tour des Livres.
Depuis le 8 janvier 2021, la série « Lupin » fait fureur sur nos écrans. Omar Sy joue le rôle d’un jeune Africain qui endosse le costume de son personnage fétiche. Avant lui, ils sont une dizaine d’acteurs, dont Georges Descrières et Romain Duris, à avoir interprété le célèbre gentleman cambrioleur. Les personnages mythiques peuvent changer de couleur de peau et d’époques, ils ne meurent jamais. L’occasion était belle de relire une des aventures du héros créé par Maurice Leblanc au tournant du XX° siècle, en rappelant au passage qu’il fut l’ami de Maupassant et de Flaubert, des Normands comme lui (France Culture lui a récemment consacré une émission). Les éditions Omnibus ont eu l’heureuse idée d’éditer un coffret de trois volumes regroupant les aventures du prince des voleurs. J’ai choisi de relire « 813 », écrit en 1905, juste après « l’aiguille creuse » qui rendit Etretat célèbre. Au cœur de la Belle Epoque, alors que l’Europe s’apprête à plonger dans les horreurs de la guerre, Arsène Lupin dérobe au diamantaire Kesselbach, un secret qui fait couler le sang. Pourtant, Lupin ne tue jamais, c’est un de ses principes. C’est un Robin des bois, un bandit bien-aimé, qui ne vole que les riches. Le commissaire Lenormand jure de mettre fin aux méfaits de cet anarchiste qui se dissimule sous le nom du prince Sernine. On y retrouve le style très dialogué de Leblanc, et son anti germanisme annonciateur de la grande catastrophe.
Aux éditions du Masque, Frédéric Lenormand a redonné vie à Arsène Lupin (ce n’est sûrement pas un hasard s’il porte le nom du grand adversaire du cambrioleur). Après « Le retour d’Arsène Lupin » et « Le Noël d’Arsène Lupin », il vient de publier « Un amour d’Arsène Lupin ». L’action se situe en 1905. Lupin s’attaque au banquier Vroms mais l’affaire tourne mal : c’est lui qui est escroqué et sa complice, la jolie Jacinthe, est retrouvée étranglée. On soupçonne celui qui ne tue jamais. Pour venger son amie, il se fait interner dans un asile psychiatrique pour démasquer l’assassin, et tombe amoureux d’une infirmière. Le style est agréable, savamment imité de l’original, et empli de clins d’œil. Frédéric Lenormand est l’auteur de la série « Voltaire mène l’enquête » et de la suite du juge Ti, tous au Masque.
L’auteur sud-africain Déon Meyer est devenu un classique du polar. Il vient de publier, dans la célèbre Série Noire de Gallimard, « La Proie ». Son héros, Benny Griessel, membre de la brigade des Hawks, doit enquêter sur l’assassinat d’un ancien collègue, jeté par la fenêtre du luxueux train Rovos. Le dossier est pourri et sa hiérarchie fait pression pour qu’il lâche l’enquête. A Bordeaux (Déon Meyer adore le vin et la France), un ancien membre de l’ANC se voit contraint de reprendre du service, pour une dangereuse mission, avec les services secrets russes et sud-africains à ses trousses. Les destins vont se croiser.
Auteure de la série « Les détectives du Yorkshire », Julia Chapman, publie, toujours chez Robert Laffont, dans la collection La bête noire, le tome 6, intitulé « Rendez-vous avec la ruse ». Samson et Delilah, les détectives fétiches de l’auteure, se voient contraint d’enquêter sur un banal adultère. Rien d’enthousiasmant, surtout quand le mari infidèle se trouve être l’ex-beau-père de Delilah. Mais une affaire ordinaire peu en cacher une autre, beaucoup plus exaltante.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 29 janvier 2021. Article suivant
Essor Sarladais du 12 février 2021.