CORINNE JAVELAUD, LA DEMOISELLE DU PERIGORD.
Le Tour des Livres.
Vivant à la frontière entre Périgord et Limousin, Corinne Javelaud nous fait passer un agréable moment avec son roman « La demoiselle du Mas du Roule », paru chez City éditions. En 1885, Henri-Louis Leroux, notaire à Vayres, règne en maitre sur son domaine du Mas du Roule. Lorsque son fils Charles refuse de prendre sa suite, préférant travailler à Paris avec Pasteur, il reporte toute son autorité sur sa fille Méline. La jeune fille est tombée amoureuse d’Adrien, un homme volage qui choisit de courir fortune en Inde. Maitre Leroux va imposer à Méline d’épouser Gabriel, le fils du médecin. Le philosophe Luc Ferry parle de l’invention du mariage d’amour pour désigner le début de l’époque moderne. Les personnages de Corinne Javelaud sont bien dans leur époque encore fermée sur les traditions. Méline, son héroïne, malgré toutes ses qualités, ne va pas jouer les femmes modernes, mais accepter le dictat paternel. Henri, le père autoritaire, et Célia, son épouse soumise, aiment leurs enfants et veulent le mieux pour eux. Méline va apprendre à aimer le mari imposé. On découvre aux cotés de ce jeune couple bourgeois, les premières automobiles et les bains de mer à Royan. La liberté du fils Charles a d’ailleurs un prix, et sa vie dissolue va laisser un enfant adultérin, finalement recueilli par Méline. Comme partout en France, cet univers rural et traditionnel va voler en éclat avec la guerre de 14-18. « La demoiselle du Mas du Roule » a été sélectionné pour le prix France Bleue.
Sélectionné pour le même prix qui doit mettre en valeur une région, l’étonnant roman de Sophie Marvaux, publié aux éditions du Nouveau Monde « Meurtre chez les Magdaléniens ». Il y a quinze mille ans, dans la vallée ensoleillée de la Vézère, vivent de petits groupes nomades de chasseurs-cueilleurs qui ornent les parois de leurs grottes d’œuvres magnifiques. Un évènement terrible intervient dans le clan des Grandes-Mains-Blanches : Iranie, la jeune fille que la chamane Puissance-de-Licorne a choisie comme apprentie, est assassinée. Elle-même menacée, la chamane va devoir découvrir quelles sont les tensions souterraines qui divisent son clan et démasquer le meurtrier afin que les siens ne sombrent pas dans la spirale de la violence. Un premier thriller magdalénien qui nous plonge dans un univers magique.
C’est dans le Périgord des années 60 que nous entraine Jean-Paul Malaval avec « La folie des Bassompierre », publié chez Calmann-Lévy et lui aussi sélectionné pour le prix France Bleue. Marceau Bassompierre dirige d’une main de fer une coopérative de producteurs de noix de la région de Belvès. N’hésitant pas à humilier ceux qui s’opposent à lui, il règne en maitre sur son domaine de Barbezeilles, sur son fils ainé Ludo, qui lui ressemble mais n’a pas son intelligence, sur le cadet Jonas, qui se réfugie dans la littérature, sur sa fille Hermine, qui rejoint une bande de délinquante. Dans la maison, Marcelline, la gouvernante qui sait beaucoup de choses, veille sur Agathe, la belle-sœur qui a perdu la raison. Car un mystère plane sur la famille, et un corbeau dénonce Marceau comme le responsable de la mort de son épouse, dix ans plus tôt.
Chez le même éditeur, restons en Périgord, en 1905, avec « Là où coule une rivière » de Louis-Olivier Vitté. Après « La Rivière Espérance » de Christian Signol, l’auteur nous entraine dans l’univers aventureux des gabarriers. Jean a bien du mal à joindre les deux bouts, entre l’exploitation de sa maigre mine de charbon et l’élevage de quelques brebis. Pour soigner son épouse malade, il décide de conduire son propre bateau sur les eaux tumultueuses de la Dordogne. Sa décision n’est pas du goût des gros propriétaires de gabarres qui vont tout faire pour l’empêcher de naviguer. Mais l’amour peut arranger bien des choses.
C’est un ouvrage collectif, réalisé par trente auteurs membres de l’Académie des Lettres et des Arts du Périgord que nous proposent les éditions Périgord-IFIE. « Amoureux du Périgord » esquisse le visage aimé de notre région, à travers ses paysages. « Qu’est-ce qui symbolise pour vous l’âme du Périgord ? » leur a-t-on demandé. La réponse se trouve dans ces trente textes écrits en toute liberté. On ne peut citer tous les auteurs, souvent biens connus de nos lecteurs, nous donnerons seulement les noms de ceux qui vivent en Sarladais : Jean Bonnefon, Bertrand Borie, Janine Durrens, Miton Gossare, Claude Lacombe, Daniel L’Homond, Thalie de Molènes, Paul Placet et votre serviteur.
JEAN-LUC AUBARBIER.
ESSOR SARLADAIS du 28 mai 2014. Article suivant
ESSOR SARLADAIS du 12 juin 2014.