MENU

by • 2 février 2023 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 3 février 2023.481

Essor Sarladais du 3 février 2023.

Un très grand petit livre.

Le Tour des Livres.

 Avec « Les Sources », paru chez Buchet-Chastel, Marie-Hélène Lafon (prix Renaudot 2020 pour « Histoire du fils ») nous offre, sur 120 pages, un véritable délice de lecture. Une ferme dans le Cantal, dans les années 60 ; un couple avec trois enfants encore petits : Isabelle, Claire et Gilles. C’est une belle ferme, ils vivent à l’aise, avec des employés et une bonne. Mais elle est malheureuse, mal mariée. Ce n’est pas la vie dont elle rêvait, enfermée dans son mariage et ses maternités. Ce corps déformé qu’elle est devenue la dégoûte, et son mari aussi. Il n’est jamais désigné que comme « Lui » ; il n’est jamais content, il crie et parfois, il cogne. Avec son style « à l’os », Marie-Hélène Lafon nous fait respirer les odeurs, suggère les couleurs et nous fait entrer de plein pied dans le désespoir d’une vie isolée à la campagne où, pourtant, on a tout pour être heureux. Jamais elle ne juge : ni cette mère indolente, passive face aux évènements, ni ce père pourtant violent qu’elle sait nous rendre humain. Les sources, ce sont les racines familiales, qui marquent notre passé, et dont il faut savoir se libérer tout en gardant la mémoire. Ce roman très autobiographique sert de clé à plusieurs autres.

Autres destins, entre la Vendée et le Canada, pour  « La Délicatesse du bonheur », le nouveau roman de Marie-France Desmaray, paru aux Presses de la Cité. Entre 1950 et 1963, trois femmes issues d’une même lignée vont devoir choisir entre devoir et nécessité. Louise est rentrée en France, en Vendée, pour régler la succession de sa mère. Rose, sa fille, est restée dans le Manitoba. Malgré son bonheur apparent et un mariage bourgeois, elle regrette d’avoir dû sacrifier ses rêves d’écriture. Justine, sa cousine française, rêve de partir pour ce Canada où tout semble plus simple, différent en tout cas. Entre le caractère impulsif de Justine, prête à toutes les folies, et l’ennui de Rose, Louise veille. Peut-être n’est-il pas trop tard pour accomplir ce pour lequel on se croit fait.

Première lauréate du prix Jeannine Balland, Sarah Bell nous propose un drame rural en Bretagne, paru chez Calmann-Lévy sous le titre « Le Chant des Reines ». Fanny dirige avec enthousiasme une petite ferme apicole près de Rennes. L’endroit est charmant, propice au bonheur, animé par les néo-ruraux. Mais Fanny est hantée par la disparition de son fils adolescent, au moment de son divorce. Un douloureux secret l’habite.

Fidèle à son thème policier, Agathe Portail publie, chez le même éditeur, « De la même veine », avec son Bordelais natal pour cadre. La tonnellerie Opras est codirigée par Philippe et sa sœur Myriam. Ils s’entendent si bien que leurs conjoints respectifs se sentent un peu sur la touche. Quand le mari de Myriam vient signaler la disparition de son épouse, le major Dambérailh (héros récurrent de l’auteure) rechigne à ouvrir une enquête sur ce qu’il suppose être un caprice familial. Avec sa brigade, il est trop occupé à résoudre un meurtre abominable.

                                                                          Jean-Luc  Aubarbier.

Comments are closed.