LE RETOUR DE L’INSPECTEUR SADORSKI.
Le Tour des Livres.
On peut le dire : le héros de Romain Slocombe, Léon Sadorski, est un vrai salaud. Ce n’est pas le deuxième opus de ses aventures « L’étoile jaune de l’inspecteur Sadorski », paru chez Robert Laffont, qui va nous faire penser le contraire. Antisémite, violent, malhonnête, il n’a rien pour plaire. Pourtant le lecteur s’attache aux aventures de ce flic des R.G. chargé de la répression des Juifs par le gouvernement de Vichy. Inutile de préciser qu’il se délecte dans son travail. En ces temps troublés, où les Juifs viennent tout juste de se voir imposer le port de l’étoile jaune, même un salaud peut avoir de la compassion…. pour de mauvaises raisons. S’il veut sauver Julie, dont il a fait arrêter la mère, c’est que l’adolescente lui plait. Romain Slocombe nous propose un remarquable thriller historique, que l’on pourrait comparer au « Bernie Gunther » de Philip Kerr. Sadorski, qui enquête sur la résistance communiste tout en participant à la rafle du Vel d’Hiv, est un personnage vivant. On aimerait lui voir commettre une vraie bonne action. Cet excellent roman de Romain Slocombe, tout comme le précédent « L’affaire Léon Sadorski », est un véritable et passionnant documentaire sur le fonctionnement de la police parisienne sous l’Occupation. A lire absolument.
Dominique Lormier vient de déposer une bombe dans les librairies. Non pas que cet écrivain spécialiste de l’Occupation ait des tentations terroristes, mais son dernier livre, paru au Cherche-Midi, « Les 100.000 collabos » recèle un contenu explosif. A la Libération, le colonel Paul Paillole, responsable du contre-espionnage, dresse la liste détaillée des personnes ayant collaboré avec les Allemands. Ces 100.000 noms vont rester secrets pendant longtemps, seulement connus de Daniel Cordier, le secrétaire de Jean Moulin, et d’Alexandre de Marenches, chef des services secrets français. Il ne sortit de l’ombre qu’à l’occasion du procès Papon, pour y retourner aussitôt. Grâce au déclassement de 2015, Dominique Lormier a pu l’utiliser et nous en livrer une analyse exceptionnelle.
C’est une autre liste que nous communique Laurent Guillemot, avec « La liste de Foch » paru chez de Fallois. On a longtemps opposé, lors du conflit 14 – 18, le sort des soldats dans les tranchées et ceux des généraux « bien planqués à l’arrière ». Or rien n’est plus faux. Dès l’armistice, conscient que l’on pourrait diviser le pays sur ce sujet, le maréchal Foch fit établir la liste des 90 généraux morts pendant le conflit, aux cotés de leurs hommes. Ces officiers d’expérience ne pouvaient se dissimuler derrière l’ardeur ou la naïveté de la jeunesse pour cacher l’horreur de la situation. Dans l’église Saint-Louis des Invalides, Foch fit poser une plaque commémorative, ne comportant plus que 42 noms de généraux tombés au champ d’honneur. Laurent Guillemot nous raconte leur histoire.
Aux Presses de la Cité, Raphaël Delpard nous propose son dernier roman, « La cavalcade des enfants rois ». En 1941, les évènements de la guerre vont lier trois enfants. Julien, orphelin, est envoyé dans un centre d’éducation pour jeunes délinquants. La politique de Vichy à leur égard est extrêmement sévère. Il y rencontre Tristan, dont les parents ont été déportés parce que Juifs. Les deux adolescents s’enfuient et gagnent une ferme dans la Sarthe où la jeune Marie a été placée chez des fermiers qui la maltraitent. Les trois gamins trouvent bon de s’engager dans un réseau de Résistance, comme messagers.
JEAN-LUC AUBARBIER.
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ESSOR SARLADAIS du 3 novembre 2017.