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by • 28 septembre 2020 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 25 septembre 2020.1202

Essor Sarladais du 25 septembre 2020.

Filles de rêve et autres créatures de perdition.

Le Tour des Livres.

Pour cette rentrée littéraire, le romancier Eric Laurrent évoque le souvenir de Nicky Soxy, une starlette des années 80, dans « Une fille de rêve » paru chez Flammarion. Dès ses seize ans, la très belle Nicole Sauxillange, une volcanique auvergnate, n’a qu’un seul désir : être connue. Dépourvu de tout talent, hormis sa plastique, elle pose pour un magazine, puis fait une apparition, entièrement dénudée, sur la toute nouvelle chaîne M6, avant de connaitre une longue déchéance  comme célébrité des nuits parisiennes, actrice ratée, exploitée pour sa beauté, sombrant dans la drogue avant de mourir d’une overdose. Ce qui frappe chez cette étrange héroïne, c’est son vide absolu. Elle n’a rien à dire, ne pense rien sur rien, n’a aucune cause à défendre, ne semble aimer véritablement personne, même pas elle-même. Chez les hommes, elle suscite du désir, mais bien peu d’amour. Elle n’a, en fait, aucune ambition, si ce n’est d’exhiber son image, préfigurant ainsi les années à venir et la vacuité des réseaux sociaux. Sa carrière ne peut, dès lors, qu’être la chronique d’un désastre annoncé. Ecrit dans un style élégant, baroque et précieux, ce roman dérange. Cette ravissante idiote est à l’opposé de l’image que les femmes veulent donner d’elles-mêmes.

C’est d’une autre belle fille dont nous parle François Beaune dans « Calamity Gwenn » publié chez Albin Michel. A trente ans, Gwenn est belle, libre et désespérée. Elle a toujours voulu être actrice, se rêve en sosie d’Isabelle Huppert, mais elle végète dans un sex-shop de Pigalle. Pour tuer son ennui, elle tient un journal où elle note ses réflexions sur ses clients et ses semblables. Rien à voir avec l’intellectualisme littéraire que nous avions rencontré chez Fleur Breteau, dans le même exercice (« L’amour, accessoires », éditions Verticales, L’Essor Sarladais du 15 novembre 2019). Le ton est à la gouaille ; l’écriture, une langue parlée et haute en couleurs, même si nous sommes, là aussi, dans une œuvre à la limite entre la fiction et le documentaire. Calamity Gwenn flingue à tout va en nous contant sa vie nocturne, ses virées et ses amours.

Amour, désir et sexe sont au cœur de ce premier roman « Annibale » que Dominique Frétard publie chez Belfond. Peintre italien, Annibale vit en Andalousie, sur les lieux où fut tourné le film « Lawrence d’Arabie ». Il a participé au tournage et reste obsédé par cette histoire quasi-mythologique. Dans le petit village de Mineras, il fait la connaissance de Deva, de trente ans sa cadette. Elle va lui offrir une ultime initiation, celle de la vieillesse. Un roman qui voit défiler des célébrités du monde du cinéma et des lettres, une fantaisie andalouse très musicale pour clore l’histoire d’une vie.

Roman baroque et troublant, « Stella Finzi » vient de paraître chez Robert Laffont sous la plume d’Alain Teulié. Dandy ruiné et vieilli, Vincent a décidé de mettre fin à ses jours à Rome, pour engloutir sa laideur au milieu des splendeurs de la Ville Eternelle. Sa rencontre avec la belle et riche Stella Finzi va remettre en cause son projet. Elle lui lance un ultime défi de séduction. Que va-t-il se passer entre ces deux êtres affamés d’art et de beauté ? L’amour et la création vont se mêler étroitement dans cette histoire qui cherche à ouvrir une porte au-delà de la mort. Un roman italien qui n’est pas sans évoquer « Ce qui plaisait à Blanche » de Jean-Paul Enthoven (Grasset), chroniqué dans ces colonnes.

                                                                                   Jean-Luc Aubarbier.

Filles de rêve et autres créatures de perdition.

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