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by • 23 janvier 2015 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 23 janvier 2015.2667

ESSOR SARLADAIS du 23 janvier 2015.

couv notre vie anterieure

 

NOTRE VIE ANTERIEURE.

Le Tour des Livres.

Très beau roman que nous livre Anne-Sophie Brasme avec « Notre vie antérieure », paru chez Fayard. Laure, romancière a un sentiment d’inachevé malgré le succès qu’elle doit, en partie, à son mari éditeur. Dans un dernier roman, elle décide de se tourner vers son passé, son adolescence, et l’acte primordial qui a présidé à sa vocation d’écrivain. Ils étaient trois amis, partis sur l’ile d’Oléron après le baccalauréat. Aurélien, débauché et insouciant, que tous admirent et dont Laure est amoureuse, et Bertier, l’intellectuel que l’on ne désigne que par son nom et qui est amoureux de Laure. Dans ce « Jules et Jim » universitaire, Laure se donne à Aurélien mais, après trois nuits, le jeune homme se tue en chutant sur des rochers. C’est Bertier, qui se rêvait écrivain, devenu professeur, qui va éveiller la jeune femme à son talent. Comment écrire ? Comment transformer la vérité en roman ? Tels sont les thèmes de ce livre.

Chez Belfond, le Britannique Tom Rob Smith nous propose un thriller étrange « La Ferme ». Daniel, le narratteur, reçoit un appel désespéré de sa mère, partie vivre sa retraite en Suède. Elle débarque chez lui, déclare fuir son mari et avoue leur ruine totale. Le père, de son coté, avertit Daniel que sa mère est en proie à des crises de démences. Le récit de Tilde semble en effet incohérent. Qui est ce Hakan, leur voisin suédois, qui semble vouloir tout controler dans le village ? Et quel étrange environnement que cette campagne suédoise peuplée de trolls ! Qui est fou dans cette affaire que sous-tend un lourd secret ?

Chez le même éditeur, le grand écrivain japonais Haruki Murakami publie « L’Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage ». Ils étaient cinq amis inséparables qui se donnaient des surnoms de couleurs. Tsuruku était resté incolore. Quand il partit étudier à Tokyo, ses amis refusèrent désormais de le voir. Pendant seize années, il vécut en solitaire, comme Jonas dans le ventre de la baleine, en pensant à la mort. Même Sarah, qui l’aime, ne peut établir de véritables contacts avec lui. Personne ne pouvant vivre sans amour, Tsuruku entreprend un pèlerinage vers son passé. Un roman troublant, de haute portée symbolique. Les éditions 10/18 publient en poche « Chroniques de l’oiseau à ressort », du même auteur, un univers qui tient de l’ucronie et des mangas.

Les éditions du Seuil publient une enquête inédite de l’inspecteur Wallander, le héros d’Henning Mankell, intitulée « Une main encombrante ». Avant de prendre sa retraite, le policier décide d’acheter une ferme en Scanie. Son univers bascule quand il découvre une main qui affleure le sol de son jardin.

La Belge Hedwige Jeanmart publie chez Gallimard un excellent premier roman intitulé « Blanès ». « Et si on allait à Blanès ? demande la narratrice à son ami Samuel, ce n’est pas si loin, une heure en voiture depuis Barcelone. » Cette simple phrase va faire basculer sa vie, la faire chûter au fond d’un gouffre. Malgrés l’acceptation  enthousiaste de Samuel, les failles, les blessures, les véritables personnalités vont se révéler, jusqu’au drame final.

C’est un petit ouvrage philosophique et historique fort intéressant que nous donne Charles Jameux avec « L’art de la mémoire »  aux éditions Dervy. Depuis l’Antiquité, les méthodes mnemotechniques sont utilisées dans les voyages spirituels. A la Renaissance, dans l’entourage de Giordano Bruno et des néo-platoniciens, cette technique reprit force et vigueur. William Schaw, architecte des Stuart, rois d’Ecosse, fit pénétrer cet art dans les premières loges maçonniques où il fut désormais d’usage de réciter par cœur les rituels et de dessiner de mémoire les tableaux de loges. L’auteur remet au goût du jour cette philosophie oubliée.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

 

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