Mystères en province.
Le Tour des Livres.
Jean Siccardi nous entraine dans un roman entre délire et Histoire, avec « La Chapelle des Templiers » paru chez Calmann-Lévy. Solitaire et amer, Eugène vit chichement dans sa petite ferme de Haute-Provence. Après une jeunesse agitée, il a dilapidé l’avoir familial et reste seul dans sa propriété de Pennafort, devenue pour lui comme une prison. A quarante ans, il est vieilli avant l’âge, mangé par l’alcool, incapable de réagir, de partir. La vie n’a plus aucun goût pour lui. Il reçoit un jour la visite de Bertrand, qui s’installe chez lui, se prétendant descendant d’un membre de l’Ordre du Temple. Le trésor des Templiers serait caché sur la propriété, dans une ancienne chapelle. Délire de la bouteille ou réalité d’une étrange rencontre ? Même Eugène doute de ce qu’il voit, lui qui mêle les rêves et le monde concret. Le diable serait-il de la partie ? A moins que tout cela ne cache une basse vengeance.
Les éditions de Borée viennent de publier en poche « L’Oubliée de la ferme des brumes », de Corinne Javelaud, initialement paru chez City. Dans une ferme du Limousin, dans les années 30, Colombe est devenue la servante de son frère ainé, Marceau, qui la maltraite. Un jour, il la vend comme apprentie dans un atelier de dentelle à Bellac. L’adolescente va saisir sa chance et, malgré l’hostilité d’Hortense, sa patronne, acquérir un savoir et gagner son indépendance. Si le Limousin vit encore comme au XIX° siècle, la guerre va faire sa révolution et Colombe, en s’engageant dans la Résistance, devient une autre personne. Marceau aussi, qui se rachète, tandis qu’Hortense, pour aider sa fille, piétine ses valeurs morales. A la Libération, les cartes seront redistribuées.
C’est aussi un destin de femme, dans une autre région, le Morvan, que nous conte Lyliane Mosca dans « Le Jardin secret de Violette », paru aux Presses de la Cité. Violette et son mari Bertin vivent heureux, mais misérablement, en cette fin de XIX° siècle. Ils ne possèdent que la force de leur bras pour gagner leur vie, et la jeune femme est enceinte. Bertin se loue, avec sa paire de bœufs, sept mois par an et ne supporte plus cette séparation. Il rêve d’acheter un bout de terre. Mais c’est le Morvan qui est pauvre. Pour s’enrichir, il faut partir. Cette fois, c’est Violette qui va s’engager comme nourrice à Paris, après avoir confié son bébé à sa sœur ainée. Elle a le sentiment de vendre son corps. Mais au bout d’un an, elle espère pouvoir revenir avec assez d’argent. Elle est instruite, suffisamment pour être appréciée dans une famille bourgeoise. Et Paris est une ville pleine de pièges où une rencontre peut bouleverser une existence.
Troisième destin de femme sous la plume de Madeleine Manciet-Bertaud avec « Une vie de château », également aux Presses de la Cité. Fuyant la violence de son père, éleveur de chèvres en Gironde, en cette année 1943, Céline, encore adolescente, trouve refuge au château de Cadillac. Elle ne va pas y trouver la vie de princesse à laquelle elle rêvait, mais une ancienne prison pour femme, devenue une école de préservation pour jeunes filles. Malgré la dureté de cette existence collective, elle va, pendant six ans, y apprendre un métier. Au sortir, elle rejoint sa mère en Touraine, et découvre un mystérieux secret de famille.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 16 avril 2021. Article suivant
Essor Sarladais du 30 avril 2021.