LE SCHMOCK.
Le Tour des Livres.
Comment une abomination comme le Nazisme a-t-elle pu arriver ? A une telle question, Franz-Olivier Giesbert affirme qu’il n’y a que les fous pour tenter de répondre à cette question, les fous et les romans. Publié chez Gallimard, « Le Shmock » affiche donc une belle ambition. Shmock, en yiddish, veut dire à la fois : pénis, con et salaud. C’est par ce mot que le principal personnage du roman désigne Adolf Hitler, pour dire toute l’absurdité de sa célébrité. Hitler, présenté comme un pétomane (comme dans « Boro reporter » de Dan Franck), est un personnage insignifiant. Pour nous expliquer son succès inattendu, Giesbert choisit deux personnages, sorte de Juifs errants, qui, à plus de cent ans, se retrouvent après avoir vécu, pendant la guerre, une histoire d’amour. Harald, en apparence un officier allemand ordinaire, dont le travail consiste à exterminer les Israélites à Dachau, est en réalité un Juif caché. Il sauve Lila, une adolescente évadée, et l’aide à échapper au pire. Leurs retrouvailles, de nos jours, est l’occasion d’évoquer l’histoire de l’antisémitisme, avant et pendant le Nazisme. « Hitler n’a pas inventé l’antisémitisme, c’est l’antisémitisme qui a inventé Hitler » affirme l’auteur, avec, en toile de fond, l’éternel lâcheté de ceux « qui ne font pas de politique ».
Excellent thriller que nous proposent les éditions Belfond avec « Au loup », de Lisa Ballantyne. Acteur et professeur de théâtre comblé, doté d’une famille formidable, Nick a tout pour être heureux. Jusqu’au jour où une de ses élèves l’accuse d’agression sexuelle. En quelques jours, Nick se voit englouti dans un tsunami qui risque lui faire perdre emploi, famille, réputation. Mais la victime n’est pas si innocente. L’adolescente de douze ans, suicidaire, en rupture avec ses parents, a peut-être agi simplement pour attirer l’attention sur elle. Effrayée par son acte, elle se réfugie dans le mutisme. Le coupable désigné est-il innocent ? La victime est-elle une menteuse ? Le roman de Lisa Ballantyne, page après page, va faire éclater la vérité.
C’est bien la « révolution » de Mai 68 que Caroline Sers met en scène dans « Les belles espérances », publié chez Buchet-Chastel. A vingt-cinq ans, Pierre et Fabrice, deux frères jumeaux, ne vivent pas les « évènements » de la même manière. Pierre réagit en observateur non impliqué. Ce chaos ne l’inspire guère et il pense surtout à sa famille. Frédéric, au contraire, qui dirige l’entreprise familiale depuis la mort de leur père, est enchanté de ce bouleversement. Il aspire à une société plus libre. Leur mère, tyrannique, qui entend encore régner sur leurs existences, incarne la société bourgeoise qui va disparaitre.
Chez Jean-Claude Lattès, Gabriel Boustany nous propose « Les arrogants ». Au début des années Trente, plusieurs membres de la haute société libanaise quittent un pays en crise. Parmi eux, Tasmine, dix ans, qui prend conscience de sa condition de fille lorsqu’on lui interdit l’accès à la salle des machines du paquebot Champollion. Elle consacrera désormais sa vie à se révolter contre les coutumes et les traditions religieuses qui briment les femmes en générale. L’auteur retrace l’histoire de cette émancipation, tout en racontant le destin du Liban, ce pays si particulier, créé par la France après la première guerre mondiale, et pourtant porteur des plus antiques traditions.
Jean-Luc Aubarbier.
Salon du livre de Lalinde Lire en bastide 24 et 25 août 2019. Article suivant
Festival du thriller de Gujan-Mestras, 28 et 29 septembre 2019