CINEMA et LITTERATURE.
Le Tour des Livres.
Pedro Almodovar est un de mes cinéastes favoris. Il s’est transformé en écrivain pour nous donner, avec « Le Dernier Rêve », paru chez Flammarion, son « autobiographie morcelée, incomplète et quelque peu cryptique ». Il s’agit de douze récits qui nous plongent dans l’univers du réalisateur. On y retrouve des motifs qui lui sont chers : le temps, la religion, les violences sexuelles, la question du genre. Il nous livre aussi les trois lieux où il a forgé sa sensibilité « les patios manchegos où les femmes faisaient de la dentelle au fuseau, chantaient et jasaient sur tout le village ; la nuit madrilène, explosive et excessivement libre, et la ténébreuse éducation religieuse… » Au fil de la lecture, on retrouve « La mauvaise éducation » dans le récit intitulé « La visite », « Tout sur ma mère » (mon chef d’œuvre préféré, celui où il se rapproche le plus de Luis Bunuel) avec « Le dernier rêve », « Talon aiguille » avec « Adieu volcan ». On découvre également sa passion pour Andy Warhol et Bram Stocker, et les différences d’écriture entre roman et scénario dans « Un mauvais roman ».
L’actrice Gabrielle Lazure se mue en écrivaine pour nous donner un roman cru et décomplexé « A la recherche du plaisir perdu » paru chez Héloïse d’Ormesson. Nancy est venue de son Denver natal pour étudier la littérature à Paris. Elle y a rencontré Bernard et l’a épousé. Quarante ans plus tard, constatant que son couple s’est essoufflé, elle se jette à corps perdu dans les sites de rencontre. La soixantaine venue ne lui fait pas peur et elle veut croire qu’elle va vivre ses meilleures années. Mais les aventures extraconjugales ne sont pas sans risques. Un roman pour libérer les femmes des angoisses liées à leur âge.
Plus romanesque que le précédent, « La Face Nord » de Jean-Pierre Montal, paru chez Séguier, propose une réflexion profonde sur les frontières indécises de nos vies parallèles, vécues ou rêvées. Un homme et une femme, à la sortie d’un cinéma, échangent sur « Elle et lui », le film de Léo McCarey qu’ils viennent de voir et qu’ils ont adoré. Ils découvrent qu’une grande harmonie les réunie ; un amour vient de naitre. Mais elle a soixante-douze ans et lui quarante-huit. Leur histoire va se construire dans la spirale du temps et des souvenirs, réunissant le Paris d’aujourd’hui et la Vienne d’autrefois. Une écriture à l’os, sensible et ciselée.
« L’Amour OUF, journal intime d’un film » d’Eric Libiot, paru chez JC Lattès, nous fait découvrir l’aventure d’un film, du scénario au tournage et au montage. Tout commence avec un roman de Neville Thompson « L’amour OUF » (disponible en 10/18) que Benoit Poelvoorde voulait adapter, projet abandonné et repris, seize ans plus tard par Gilles Lellouche. Le récit raconte le passage de l’adolescence à l’âge adulte, sous l’angle de la passion amoureuse.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 16 novembre 2024. Article suivant