Littérature japonaise.

Le Tour des Livres.

   La parution d’un roman d’Haruki Murakami est toujours un évènement. Il est un des auteurs les plus célèbres au monde, toujours en course pour un prix Nobel. Si ses dernières productions avaient un peu déçu, son nouveau roman « La Cité aux murs incertains », paru chez Belfond, est un pur chef d’œuvre, du niveau de « Kafka sur le rivage ». C’est un sujet qui le hantait depuis 50 ans. Un adolescent tombe amoureux d’une jeune fille qui prétend n’être qu’une ombre. Son corps habiterait dans une ville lointaine, ceinte de hauts murs. Bien des années plus tard, il tombe dans un trou et se retrouve devant la ville. Pour y pénétrer et retrouver sa bien-aimée, il doit abandonner son ombre. A-t-il bien fait ? La jeune fille semble ne pas le reconnaitre. Il est embauché dans une étrange bibliothèque qui ne recèle que des rêves. Il évolue dans la cité dont les murs semblent dotés d’un pouvoir organique, au milieu de fantômes qui ne peuvent choisir entre la vie et la mort. Un roman fortement symbolique, qui rappelle les grands contes de la littérature mondiale, et les grands mythes comme Orphée et Eurydice. Le réalisme magique de Murakami à son sommet. 

Chez le même éditeur, Yûsuke Kishi, membre de la Mystery Writers of Japan association, publie un polar très sombre : «La Maison noire ». Le héros travaille pour une compagnie d’assurance. Chaque jour, il épluche les avis de décès pour y relever les incohérences. Nombreuses sont les tentatives d’escroquerie à l’assurance. Il tombe sur un dossier plus compliqué que prévu et doit venir constater lui-même l’identité du mort. Il s’agit d’un enfant de 12 ans, qu’il retrouve pendu. Serait-ce un suicide ? L’enquête va le mener aux confins de la noirceur de l’âme humaine. 

Spécialiste du Japon, Cyril Carrère publie chez Denoël « La colère d’Izanagi ». Le héros est un jeune capitaine de la police de Tokyo, maladivement solitaire, mais doté d’un Q.I. très au-dessus de la moyenne. Un gigantesque incendie ravage le plus grand quartier d’affaires du monde. Hayato Ishida enquête sur le sinistre, associé à Noémie, une franco-japonaise affable et empathique. Un couple d’étudiant qui a tout perdu dans le sinistre, décide de travailler sur un forum en ligne nommé la Bergerie. Ce portail pourrait bien se révéler être la porte de l’enfer.

La lune et la fascination qu’elle exerce sur nous est au centre du roman (en fait des nouvelles liées) « Lune rémanente » que Masakuni Oda publie chez Rivages. Les pouvoirs de notre satellite sont si puissants qu’ils peuvent transporter le personnage principal dans le corps d’un autre. Une pierre magique permet même d’explorer l’astre de la nuit. Il en résulte une terrible épidémie qui amplifie les capacités physiques et mentales des humains, mais entraine leur mort.

                                                                       Jean-Luc  Aubarbier.