Le retour de Dudley Smith.
Le Tour des Livres.
Les lecteurs de « L.A. Confidential » (où les spectateurs de l’excellent film qui en a été tiré) se souviennent de Dudley Smith, ce flic particulièrement pourri qui dirigeait la police de Los Angeles dans les années 50. Dans « La Tempête qui vient », paru aux éditions Rivages, James Ellroy nous ramène dix ans en arrière, en Californie, juste après l’attaque de Pearl Harbour. En proie à un délire collectif, les Américains jettent en prison tous leurs concitoyens d’origine japonaise. En Californie, plus qu’ailleurs, le syndrome est à son comble : un sous-marin nippon s’est échoué sur une plage. Des agents de tous les milieux passent la frontière mexicaine, notamment les membres d’une organisation secrète : la Synarchie, très liée à Hitler. On les reconnait à leur tatouage : un serpent entourant les lettres S.Q. Toute cette pagaille fait l’affaire de Dudley Smith, déjà malhonnête et brutal, qui ne recule devant rien pour assouvir ses ambitions. Hideo Ashida, inspecteur d’origine nippone et as de la police scientifique, parvient à éviter l’internement… mais à quel prix ! Joan Coville, une flamboyante rousse, s’invite dans ce panier à crabe où les minorités irlandaises ne cachent pas leur sympathie pour le III° Reich, par haine de l’Angleterre. Et Sid Hudgens, le journaliste, murmure déjà ses scandales provocateurs. On apprend qu’Elizabeth Short, la victime pas très innocente du « Dahlia noir », est la fille cachée de Dudley Smith (rappelons que ce roman qui fit la gloire de James Ellroy, est inspiré par l’assassinat de sa propre mère par un meurtrier jamais retrouvé). Une énorme saga aux 90 personnages qui délivre l’image d’une Amérique à l’âme noire et boueuse.
C’est un roman de camion que nous délivre James Anderson avec « La route 117 » paru chez Belfond, un roman comme il existe des road movies, des films de camions (songez à « Duel », « La Menace », etc). Le héros de ce thriller, Ben Jones, n’est pas policier mais chauffeur de poids-lourd. Alors qu’il effectue ses livraisons dans l’Utah, en plein hiver, dans une tempête de neige, il se voit contraint d’embarquer à bord de son camion Juan, un petit garçon qui se révèlera être une fille, un chien et un bébé. Tandis qu’il songe à laisser quelque part tout ce petit monde bien encombrant, il apprend que son meilleur ami, John, un prédicateur farfelu et quelque peu clochard, qui arpente la route 117, a été laissé pour mort au bord de la chaussée. Il entreprend alors une enquête terrifiante, aux troublantes ramifications.
C’est une nouvelle voix de la littérature policière suédoise que les éditions Robert Laffont nous font découvrir en la personne de Sara Lövestam. Son héros récurrent, Kouplan, n’est autre qu’un S.D.F sans-papier qui traine dans les rues de Stockholm. Dans « Libre comme l’air », pour se faire un peu d’argent, il accepte une mission de détective privé. Une femme l’engage pour enquêter sur les infidélités de son mari. Mais la vérité va le mener bien plus loin qu’un simple constat d’adultère. Sara Lövestam a reçu le Grand Prix de Littérature Policière et le prix Nouvelles voix du polar étranger.
Chez City, Nicole Boeglin fait revivre le héros de Conan Doyle dans « Sherlock Holmes et le complot de Mayerling ». Tous les éléments y sont présents : Baker street, le criminel Moriartry, implacable ennemi du célèbre enquêteur, des déductions magistrales, un air de violon. Il faut dire que Nicole Boeglin est une ‘holmésienne’ assidue. La dame de compagnie de l’impératrice Sissi est venue en toute discrétion consulter Holmes. On a retrouvé le fils de l’impératrice et sa compagne morts dans un pavillon de chasse. La police locale conclue un peu vite à un suicide. Sherlock Holmes va mener une enquête détaillée, révéler le pot-aux-roses et mettre au jour une incroyable affaire dont l’assassinat du prince n’est que la partie émergée. On attend avec hâte la suite promise des aventures de Sherlock Holmes.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 14 février 2020 Article suivant
Salon du livre de Saint-Martin-de-Jussac le 8 mars 2020.