Noire Révolution.
Le Tour des Livres.
La Révolution française est-elle devenue une source d’inspiration pour les auteurs de thrillers ? Chez City, Jean-Christophe Portes, déjà auteur de quatre romans sur le sujet où il détaille, semaine après semaine, les affres du grand bouleversement, nous propose les cinquième aventures de son héros récurrent, le lieutenant Victor Dauterive, un ci-devant qui a choisi de rejoindre les rangs de la gendarmerie (selon l’auteur lui-même, le personnage lui a été inspiré par le lieutenant Blueberry, le héros de BD). « La Trahison des Jacobins » trouve Victor, au cours de l’été 1792, en proie à un choix cornélien autant que redoutable : doit-il abandonner La Fayette, son protecteur, pour suivre Charpier le Jacobin ? Cette seule idée fait frémir d’horreur son amie Olympe de Gouges. En même temps, Victor veut venger le jeune Joseph, son protégé, enlevé par le sinistre juge Dossonville, proche de Danton, et qu’il croit mort. Son enquête le mène dans les bas-fonds de Bicêtre où les enfants sont maltraités et victimes d’ignobles trafics, mais aussi sur la piste de fabriquants de fausse monnaie susceptibles de ruiner la jeune Révolution, tandis que les armées étrangères sont aux portes de Paris.
Habitué des thrillers ésotériques, Henri Loevenbruck, avec un nouvel éditeur : X.O. se plonge lui aussi dans une série sur notre révolution nationale à ses débuts, avec « Le Loup des Cordeliers ». Son héros, Gabriel Joly, est un jeune journaliste ambitieux et débrouillard. En mai 1789, les états généraux sont réunis et tout est encore possible. On ne parle pas de révolution, mais d’une évolution à l’anglaise vers une monarchie constitutionnelle. L’incompétence de Louis XVI et les complots de ses frères vont précipités le pays vers une violence irréversible. Gabriel, quant à lui, se lance sur les traces d’un justicier qui protège les pauvres contre la police et les puissants. Toujours accompagné d’un loup noir, il marque au visage ses victimes d’un signe distinctif à la pointe de son épée. On retrouve les mêmes personnages que chez Jean-Christophe Portes : la Fayette, Olympe de Gouges, Restif de la Bretonne. Mais Gabriel est plus porté vers les changements radicaux et ses amis sont Danton et Camille Desmoulins. On suit également les travaux de la loge maçonnique des Neuf Sœurs où siègent les plus savants esprits de l’époque. Venue de Belgique, la belle Théroigne de Méricourt, toujours armée de son sabre, pourrait être le Loup des Cordeliers.
C’était une autre révolution, mais qui a échoué. C’est en Espagne républicaine, en 1936, que nous entraine Hélène Legrais dans « Le Front dans l’Azur » paru chez Calmann-Lévy. Madeleine, élève-infirmière et athlète prometteuse, se rend à Barcelone pour participer aux Olympiades antifascistes, organisées en réaction aux Jeux de Berlin. Le coup d’état militaire du général Franco la piège dans ce pays qu’elle aime et qu’elle est prête à défendre. Ce n’est pas que la tourmente de l’histoire qui fait battre le cœur de Madeleine. Elle est également partagée entre l’amour que lui porte Marcel, engagé dans les Brigades Internationales, et Aleix, le militant catalan indépendantiste. Tout commence dans l’enthousiasme, mais le chaos emportera les rêves.
Le Périgourdin Erik Egnell nous propose de découvrir une femme à la pensée humaniste et révolutionnaire, injustement cantonnée dans les romans ruraux avec « Elle s’appelait Aurore », paru aux éditions Jean-Jacques Wuillaume. George Sand fut politiquement très incorrecte : elle fréquentait les libres-penseurs, les francs-maçons, vivait très librement sa vie amoureuse, remuait énergiquement les idées, défendait la cause des femmes. Bref, elle était moderne…. peut-être trop. Aussi l’Histoire a préféré l’oublier ; Erik Egnell la ressuscite.
Jean-Luc Aubarbier.
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