UN PEU D’HISTOIRE.
Le Tour des Livres.
Rien de tel qu’une plongée dans l’Histoire qui a accompagné notre vie. C’est ce que nous propose Anne Gallois avec « Mes Trente Glorieuses », publié chez de Borée. Entre 1954 et 1975, Anne lit Paris-Match, tout d’abord en le dérobant à ses parents, puis pour elle-même. En tournant les pages des souvenirs de famille, chaque chapitre arborant une couverture du célèbre hebdomadaire, on redécouvre l’actualité du moment, depuis l’appel de l’abbé Pierre jusqu’à l’élection du président Giscard d’Estaing. On en apprend beaucoup sur les valeurs, les opinions, les priorités d’une famille catholique et provinciale, pétrie de bonne conscience. Le divorce y est encore mal vu, la sexualité, cachée. Anne, avant-dernière d’une fratrie de six filles, va peu à peu apprendre à être elle-même, dans un monde fort différent, en s’identifiant aux personnages célèbres dont les icones s’étalent en première page. Ce bain de nostalgie d’une époque pleine d’espoir en un avenir radieux a reçu le prix Anna de Noailles de l’Académie Française.
L’historien bordelais Dominique Lormier, spécialiste de la seconde guerre mondiale, nous propose deux ouvrages parus en poche, également chez de Borée. Avec « Mai-Juin 1940 : les causes de la défaite », il revient sur cet épisode peu glorieux et mal connu de notre histoire. Subissant les assauts de l’armée hitlérienne, la France cesse d’exister en cinq semaines. Ce choc à lui seul expliquerait beaucoup d’évènements futurs. On a beaucoup cherché de responsable : les militaires, la droite, le front populaire, le pacifisme, sans parler des accusations ‘politiques’ (Juifs, francs-maçons, étrangers, etc), puis la victoire de 1945 nous a poussé à vouloir clore le débat. Un livre pour ne pas oublier.
Passons maintenant à la fin du conflit avec le deuxième ouvrage : « Les grandes affaires de la libération 1944-1945 ». Là aussi, on croit tout savoir, et la victoire sur le nazisme a quelque chose de moral. Mais il reste bien des affaires étranges, mystérieuses, des énigmes non résolues, des combats oubliés, des crimes impunis. Un ouvrage où l’on découvre que les méchants ne sont pas toujours condamnés, et les héros bien souvent ignorés. Bien sur, on ne pouvait pas fusiller tout le monde, alors on a trop souvent préféré le symbole à la justice, et passé la ‘savonnette à vilains’ sur bien des visages noirs de crimes.
Les éditions Gallimard, dans la collection Tel, rééditent un ouvrage majeur du début du XX° siècle « Le Déclin de l’Occident » du philosophe et historien allemand Oswald Spengler. Rédigé avant 1914, publié en 1918, l’ouvrage tente d’expliquer l’histoire humaine par la biologie. On devine aisément l’usage qu’en feront les racistes. Spengler met en garde contre les mélanges ethniques, les migrations, l’hygiène et la vie urbaine. Prônant une « révolution conservatrice », il défendra le modèle mussolinien de dictature, tout en dénonçant d’une même voix nazisme et communisme. Ses idées nationales et socialistes seront bien mal interprétées par le régime hitlérien. Il meurt en 1936. Le retour actuel des pensées racistes, sous toutes leurs formes, pourraient remettre Spengler au goût du jour. Rien de tel que la génétique pour élaborer de nouvelles théories nauséabondes.
Jean-Luc Aubarbier.
Dédicace à Libourne, le 3 juillet 2021. Article suivant
NOIR VEZERE Le Bugue 17 juillet 2021.