UN CŒUR EN HIVER.
Le Tour des Livres.
Un jour, à l’opéra, Viviane reconnait Antoine, qu’elle n’a pas revu depuis trente ans. Pourquoi un tel oubli ? C’est ainsi que commence le beau roman de Dominique Schneidre, « Avons-nous assez navigué », publié chez Jean-Claude Lattès. La narratrice qui intervient un chapitre sur deux est une amie d’enfance de Viviane et d’Antoine. Ils ont longuement flirté, à la belle époque de l’adolescence, dans les années Soixante où le sexe était sévèrement réprimé. Viviane attendait d’Antoine qu’il bouscule les interdits, mais il est resté un personnage flou, un beau parleur. Médecin, il est parti pour l’Algérie, et elle l’a attendu comme une femme de soldat. Mais au retour, il était encore plus fuyant. De guerre lasse, elle en a épousé un autre. Antoine, témoin au mariage, le lui a reproché. De là date leur dispute. Mais quand ils se retrouvent devant Eugène Onéguine, dont le thème semble dire leur histoire, le vieux jeune homme qui ne s’est jamais marié et la vieille jeune fille devenue grand-mère ont l’impression que tout peut recommencer. Leur amour a-t-il réellement existé ?
Chez Grasset, Philippe Grimbert nous propose une version moderne du thème de Job, avec « Nom de dieu ! ». Baptiste est un croyant fervent, qui veille sur sa sainte famille. Constance, son épouse, doute de tout, de l’existence de Dieu et des vertus de son mari. Lui évolue dans un monde de bons sentiments, de beaux gestes, de belles idées sociales. Mais le monde s’effondre autour de lui et les catastrophes l’environnent. Va-t-il, comme Job, affirmer son innocence tout en conservant sa foi ? Ou bien, va-t-il renier le Créateur ?
Chez Robert Laffont, l’Espagnole Maria Duenas, auteur de « L’espionne de Tanger », nous propose, « Demain à Santa Cecilia ». Fuyant l’Espagne et son malheur, quand son mari l’a quittée, Blanca trouve un emploi d’archiviste en Californie. En classant les papiers d’Andrès Fontana, un professeur décédé depuis longtemps, elle découvre l’histoire de son pays, le franquisme, la guerre civile. Daniel Carter, un enseignant, devient son ami, tandis qu’elle poursuit ses recherches et découvre l’étrange intérêt de Fontana pour les missions franciscaines de Californie. De puissants réseaux commerciaux semblent financer ses travaux. Pour quelle raison ?
Chez Belfond, la Britannique Louise Doughty nous livre « le portrait d’une femme sous influence ». A cinquante ans, Yvonne a tout pour être heureuse : un métier, de l’argent, un mari aimant. Mais le regard d’un étranger dans les couloirs de Westminster va bouleverser sa vie. Une liaison clandestine, des rendez-vous secrets. Un jour, Yvonne est abusée par un de ses confrères. Son existence bascule dans la culpabilité, la confusion et l’angoisse.
Chez le même éditeur, l’Américain Bill Loehfelm nous propose un thriller efficace avec « Face au mal ». Pour payer ses études, Maureen est serveuse dans un bar branché. Un soir, elle assiste à une scène qu’elle n’aurait jamais du voir : un rapport sexuel entre son manager, Dennis, et un très influent homme politique. Le lendemain, on découvre le cadavre de Dennis sur les rails du tramway. Bientôt, Maureen est l’objet d’un chantage diabolique.
Chez Calmann-Lévy, Jean-Michel Thibaux nous présente « Le rappel du tambour ». En août 1914, Antoinette, ouvrière à Fismes, en Champagne, rêve de devenir infirmière, tandis que son père l’a promise en mariage à un contremaitre grossier et brutal. Lorsque Fismes est occupé par les Allemands, elle franchit les lignes et s’engage dans un hôpital de campagne. Elle y découvre l’amour avec Louis, un jeune méridional blessé. Mais Louis doit retourner à la guerre….
La Périgourdine Geneviève Callerot va bientôt flirter avec le siècle, elle n’en garde pas moins une plume alerte pour nous donner, chez de Borée, « La Demoiselle du Château », un roman d’amour entre Daniel, le fils de l’institutrice du village et Béatrice, la jeune châtelaine qui l’entraine dans un univers d’aventures qui dépasse son horizon habituel. Ce goût du risque, cet amour de la vie, Daniel va le mettre au service de son pays : le Périgord.
JEAN-LUC AUBARBIER.
Conférence sur les Templiers à Temniac (Sarlat) le mercredi 6 août 2014 Article suivant
LE TALISMAN CATHARE