C’est un premier roman étrange et envoûtant que nous donne Julien Suaudeau avec « Dawa », publié chez Robert Laffont. La loi s’y oppose au djihad mais la vengeance personnelle n’y est pas absente. Quand il était enfant en Algérie, Paoli a vu ses parents exécutés par Al Mansour, responsable du FLN. Devenu patron du renseignement intérieur français, il traque pour son propre compte celui qui a causé son malheur. Al Mansour est devenu un très vieil homme qui perd la mémoire dans une banlieue anonyme de Paris. Paoli a surpris son fils ainé, militant islamiste, et l’a éliminé avec tous ses complices. Assan, le cadet, en apparence bien intégré, monte une cellule terroriste pour mettre Paris à feu et à sang. Son nom : Dawa. Paoli doit sécuriser la capitale et poursuivre son œuvre purificatrice. Mais rien n’est pur dans ce roman ; pas plus les magouilles politico-financières que les intentions du Qatar, pays ‘moderne’ aux mains des Frères Musulmans. Les guerres ne sont jamais belles, les guerres secrètes encore mois que les autres.
Restons dans le domaine du terrorisme avec « Trafiquante » d’Eva-Maria Staal, publié au Masque. L’auteur néerlandaise, qui a travaillé dans le trafic d’armes, nous iivre un roman très autobiographique. Sous les ordres de Jimmy Liu, patron cynique et mystérieux, Maria parcoure la planète, dans les coins les plus dangereux du globe, pour y vendre des armes. Kalachnikovs, missiles sol-air, explosifs, n’ont pas de secret pour cette jeune femme discrète, mariée à Martin qui ignore tout de son job. Rien de chevaleresque dans ce métier où l’on échange, en Chine, des enfants contre des fusils, où les clients sont aussi dangereux que leurs adversaires, où tout le monde se connaît dans un * microcosme de la mort.
Chez Robert Laffont, Marek Halter débute une série « Les Femmes de l’Islam », pendant aux « Femmes de la Bible ». Le premier volume, « Khadija » est consacré à la première épouse de Mahomet. Cette veuve, prospère femme d’affaires, fut la première à croire dans le message du prophète. Alors que les riches partis ne manquent pas, elle choisit d’épouser un homme pauvre et inconnu. De grands malheurs s’abattent sur La Mecque et sur leur famille ; lorsque Mahomet reçoit le message de l’ange Gabriel, c’est encore elle qui décide de faire venir les scribes, afin d’immortaliser les paroles prophétiques. Pas d’Islam sans Khadija.
Chez Stock, François Tallandier nous fait remonter aux premières rencontres entre chrétiens et musulmans avec « La Croix et le Croissant ». Trois mondes coexistent dans ce roman historique qui s’efforce de nous faire connaître les temps obscurs du haut moyen-âge. En occident, les débris de l’empire romain s’organisent peu à peu en royaumes. En orient, deux forces se rencontrent : l’empire byzantin, héritier de la moitié de l’empire, et une civilisation toute nouvelle : l’islam.
C’est un monde qui s’apprête à sombrer que nous décrit Dominique Paganelli dans son essai « Il a tué Jaurès », paru à La Table Ronde. La guerre de 14-18 n’était pas inévitable ; mais il y avait, dans chacun des pays participants, des individus prêts à tout pour qu’un conflit éclate. Le 31 juillet 1914, Raoul Villain abat Jean Jaurès, l’homme de la paix, au café du Croissant. Il revendique fièrement son acte. Jugé cinq ans après, en mars 1919, il est déclaré non coupable par un jury populaire ! Le condamner aurait été renié la souffrance des millions de soldats de ce conflit absurde. La justice n’est pas la Justice.
Un autre monde dangereux apparaît chez Claude Durand dans son livre « Rue de Babylone » publié chez de Fallois, ouvrage qu’il choisit d’apparenter aux soties, ces farces satyriques que l’on jouait au moyen-âge. Les déchets nucléaires enfouis sous terre vont mettre la planète en danger dans 100.000 ans. Il faut donc avertir nos descendants. Mais dans quelle langue ? En effet, dans 100.000 ans, toutes les langues que nous parlons aujourd’hui auront disparus. Les experts de l’UNESCO s’emparent du sujet : comment échapper à cette nouvelle tour de Babel ? Un sujet sérieux traité sur le mode loufoque.
ESSOR SARLADAIS du 12 juin 2014. Article suivant
21 juin 2014, dédicace des auteurs de « Amoureux du Périgord »