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by • 18 février 2021 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 19 février 20211058

Essor Sarladais du 19 février 2021

Faut-il éteindre les Lumières ?

Le Tour des Livres.

Depuis la chute du mûr de Berlin, des idéologies étranges nous parviennent des Etats-Unis.  Elles sont touts bâties autour de l’idée de genre, d’identité et de race et nourrissent trois discours : l’ultra-féminisme, l’antiracisme et le décolonialisme. Toutes désignent et stigmatisent un seul être : l’homme blanc, l’occidental, en des termes qu’il faut bien nommer « racistes ». Pascal Bruckner en fait l’analyse dans son livre « Un coupable presque parfait », publié chez Grasset. Le Blanc serait par nature : violeur, colonialiste, exploiteur. Ces théories qui fleurent l’extrême-droite sont surtout défendues par l’extrême-gauche. Bâties sur une nouvelle ‘lutte des classes’ et un affrontement revendiqué des ‘races’, elles veulent avant tout supprimer cette idée d’universalité qui mène le monde depuis les Lumières. L’être humain n’existerait donc pas en dehors de sa communauté. Citons Joseph de Maistre, penseur reconnu de la réaction : « j’ai vu dans ma vie des Français, des Italiens et des Russes ; je sais même grâce à Montesquieu qu’on peut être persans. Mais quant à l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie ». Le désir est bien la destruction de la démocratie (où chacun ne compte que comme individu), pour la remplacer par le cauchemar identitaire. Dans les facs, des groupuscules féministes, LGBT et islamistes se rassemblent pour lutter ensemble contre le seul coupable : l’Occidental. Car on ne juge plus l’acte, mais le groupe : la colonisation de l’Algérie par la France est un crime, pas la colonisation de ce même territoire par les Arabes ou les Ottomans. Idem pour l’esclavage.  On comprend la réaction violente des suprématistes aux Etats-Unis (ce qui n’excuse en rien leur propre théorie nauséabonde) et le succès de Trump. C’est bien vers une inéluctable guerre civile que conduit tout cela.

Aux éditions de l’Aube, Gauthier Marchais tente de reprendre les nouvelles théories, d’une manière plus apaisée, dans son ouvrage « Le déni blanc », sous-titré « Penser autrement la question raciale ». Si toute les thèses racistes sont, par nature, absurdes (cela est scientifiquement démontré), par contre, le fait d’être blanc (ou noir), d’appartenir à une culture, à une religion, à un système de valeurs (scolaire, professionnel) ne forme-t-il pas notre manière de penser ? La réponse est certainement oui. Il en ressort que nous pouvons, inconsciemment, projeter des idées racistes sur un groupe, ou nous considérer comme meilleurs que les autres. Faut-il se déconstruire ou faire avec ? La question reste ouverte.

Dans « L’imposture décoloniale », paru aux éditions de l’Observatoire, Pierre-André Taguieff reprend à son compte les thèmes de Bruckner. « Le chemin de la justice n’est pas simple à trouver entre les clameurs de la haine et les plaidoyers de la mauvaise conscience » affirmait Camus. Les groupuscules identitaires développent leurs idées au mépris de la rigueur scientifique, et visent à détruire la liberté d’expression et la laïcité. Mais les Occidentaux les y aident en plaidant coupables pour des crimes imaginaires ou commis par leurs ancêtres, mais dont ils ne sauraient se sentir coupables. Chez le même éditeur, la journaliste Natacha Polony publie, en février, « Sommes-nous encore en démocratie ? »

Chez Grasset, la journaliste Caroline Fourest vient de publier, sur le même thème « Génération offensée », sous-titré « De la police de la culture à la police de la pensée ». Elle y raconte les petites lâchetés quotidiennes qui font progresser le totalitarisme. Ainsi, au Canada, a-t-on supprimé les cours de yoga pour que les Occidentaux ne puissent pas ‘s’approprier’ la culture indienne. Aux Etats-Unis, dans les facs, on supprime les menus ‘asiatiques’ des cantines et l’étude des œuvres classiques qui pourraient ‘polluer’ les minorités. Même en France, de nombreux débats ne peuvent plus avoir lieu. Attention, danger ! La culture occidentale nous a tout de même apporté la démocratie, nous sommes en train de la perdre.

                                                                    Jean-Luc  Aubarbier.

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