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by • 17 octobre 2024 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 18 octobre 2024.114

Essor Sarladais du 18 octobre 2024.

Une guerre méconnue.

Le Tour des Livres.

Olivier Norek nous avait habitués à d’excellents polars. Pour cette rentrée littéraire, il nous offre une magnifique fresque historique avec « Les Guerriers de l’hiver », publié chez Michel Lafon. Quasiment tous les personnages de ce roman ont existé, tout comme les évènements qui sont retracés. En 1939, l’URSS, alors alliée à l’Allemagne Nazie, attaque la Finlande. Ce petit pays qui existe depuis à peine 20 ans ne compte que 3 millions d’habitants et Staline pense que l’affaire sera pliée en quelques jours. Surprise ! Les Finlandais, mobilisés en masse derrière le maréchal Mannerheim vont tenir bon et, au bout de trois mois, obtenir un armistice avantageux. Olivier Norek nous raconte l’histoire de Simo, un tireur d’élite exceptionnel (on songe au film « Stalingrad » de Jean-Jacques Annaud) et de ses camarades. Les destins individuels se fondent dans la Grande Histoire. En lisant ce roman sélectionné pour tous les prix littéraires d’automne, on ne peut s’empêcher de penser à l’Ukraine d’aujourd’hui (les forces en présence étaient beaucoup plus disproportionnées). On songe aussi à la France de 1940, qui sombrera en 5 semaines devant l’armée nazie et qui disposait des mêmes vieux avions que les Finlandais, des Morane français, des Curtis et des Buffalo américains. Les Nordiques voulaient se battre, les dirigeants français étaient pacifistes.

Autre histoire trop oubliée, celle des Alsaciens et des Mosellans enrôlés de force dans l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale. Dans « Ces féroces soldats », publié chez Buchet-Chastel, Joël Egloff raconte le calvaire des « Malgré-nous », avec beaucoup d’émotion. Son père fut l’un d’eux. Pas vraiment un roman, ni un essai historique. L’auteur écrit au niveau de son ressenti, de ses espoirs, de ses fantasmes. En 1943, un jeune français devient allemand, porte l’uniforme des S.S. Il combat dans les Ardennes et en Hongrie avant d’être fait prisonnier par les Américains. Un écrit qui ose l’ironie, car il vaut mieux en rire que d’en pleurer, et la tendresse, car c’est peut-être la seule réponse à l’absurde de la situation.

Avec « Mésopotamia », publié chez Grasset, Olivier Guez nous propose un autre destin méconnue, celui de Gertrude Bell, la « Lawrence d’Arabie » au féminin. Archéologue, exploratrice, passionnée par l’empire ottoman et ses peuplades arabes, elle devient espionne pour la couronne britannique qui, au cours de la première guerre mondiale, entend bien mettre la main sur les débris des possessions turques. Gertrude Bell est à la fois fascinée par ces populations en révolte, et désireuse de les soumettre à la Grande Bretagne. Une biographie historique romancée dès plus réussies.

Avec « La nuit s’ajoute à la nuit », paru chez Stock, Ananda Devi nous fait découvrir la prison lyonnaise du fort de Montluc. On songe tout de suite à Jean Moulin, et à son bourreau Klaus Barbie. Bien d’autre ont séjourné dans ces cachots : Raymond Aubrac,  André Devigny (auteur de « Un condamné à mort s’est échappé »), les enfants d’Izieu. A la Libération, on y enfermera les collabos, puis, pendant la guerre d’Algérie, des membres du F.L.N. Chaque souffrance s’ajoute aux précédentes et les portes des cellules, aujourd’hui ouvertes, gardent leurs sinistres secrets.

                                                                Jean-Luc Aubarbier.

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