Enquêtes impitoyables.
Le Tour des Livres.
Bernard Minier est devenu une référence majeure du thriller à la française. Avec « La Chasse », paru chez X.O. il nous offre un lien entre la dimension quasi-fantastique du roman et les relents de la fin d’une civilisation : la nôtre. Le cerf qui surgit devant la voiture d’un représentant, sur une route montagneuse de l’Ariège, a des yeux humains. C’est un être humain déguisé en animal, qu’un groupe de chasseurs armés d’arbalètes, traque sans relâche. Servaz et Samira, les policiers héros récurrents de l’auteur, ne tardent pas à faire le lien avec d’autres affaires. De jeunes délinquants, relâchés par le juge ou bénéficiant d’une remise de peine, sont abattus par un groupe mystérieux. Des ‘justiciers’ qui pensent pouvoir faire mieux que la police. Le monde, autour des enquêteurs, se délite. Une société rongée par le Covid, rejetée par des manifestants en gilets jaunes, des théories bizarroïdes qui surgissent parmi les jeunes : communautarisme selon la couleur de la peau ou la préférence sexuelle, et bien sur, islamisme. Servaz et ses collègues triompheront, mais le lecteur se demande : pour combien de temps ? Ce monde que nous proposent les délinquants ne serait-il pas à l’image de notre avenir ?
Ian Manook est un auteur atypique. Il y a quelques années, il a publié, chez Albin-Michel puis en Poche, un petit chef-d’œuvre intitulé « Yeruldelgger ». C’est le nom de l’enquêteur, car l’intrigue se déroule en Mongolie. Oulan-Bator, la capitale, pourrait ressembler à n’importe-quelle grande métropole, s’il n’y avait des yourtes en périphérie et, tout autour, une immense steppe au milieu de rien. Deux affaires se croisent et se recoupent. Trois Chinois ont été exécutés, mutilés, près de deux femmes mongoles pendues. Dans la steppe, une petite fille blonde de cinq ans a été retrouvée enterrée avec sa trottinette. La région est un enjeu pour beaucoup de puissances : Chinois, Russes, Coréens, et diverses tribus hantent la steppe : Bouriate, Kazakh. Saraa, la fille de Yeruldelgger, ne serait-elle pas impliquée dans l’affaire ? Un polar aussi intrigant que le chamanisme ambiant.
Avec « Face Mort », paru chez Fleuve Noir, Stéphane Marchand nous propose un premier roman technologique, avec une fin des plus surprenantes. Ce polar d’espionnage offre à ses deux héros : le sous-lieutenant Georges Kabla, technicien de haut vol, et Maxime Bartelli, une capitaine baroudeuse des forces spéciales, un champ de bataille ample, entre les logiciels de reconnaissance faciale et d’ADN, et une lutte sans merci contre les islamistes qui souhaitent revenir sur le territoire français, après la chute de Daesh.
Pierre Pelot, un des maitres du suspense français, fait son entrée dans la célèbre Série Noire de Gallimard avec « Les jardins d’Eden ». Jip Sand retourne à Paradis, la ville de son enfance, pour retrouver sa fille, Anne, qui a disparu depuis plusieurs mois. L’endroit semble tranquille, avec sa station thermale, mais il y a aussi Charapak, l’envers du décor, là où vivent les Manouches. Quand il découvre le corps de Manuella, la meilleure amie de sa fille, Jip comprend que l’enquête ne sera pas facile.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 11 juin 2021. Article suivant
Essor Sarladais du 25 juin 2021.