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by • 18 avril 2014 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 18 avril 2014.3055

Essor Sarladais du 18 avril 2014.

stéphanie hochet

Le Tour des Livres du 18 avril 2014.

ELOGE DU CHAT.

Le Tour des Livres.

 

Il n’est pas d’animal plus littéraire que le chat. C’est ce que se plait à nous rappeler Stéphanie Hochet dans son très bel « Eloge du chat », paru chez Léo Scheer. Le chat, « ami des poètes » selon Baudelaire, a inspiré Charles Nodier, Colette, Lewis Carol, Hoffman, Balzac et beaucoup d’autres. L’auteur nous décrit le caractère et le comportement de ce petit félin autoritaire qui n’a pas de maitre, mais passe un contrat sauvage avec les humains. Définissant un territoire, il s’estime propriétaire de tout ce qui est dedans, nous compris. Il est tour à tour seigneur féodal, qui passe son temps à chasser, aimer et faire la guerre, ou bien figure tutélaire d’un Bouddha chinois aux allures de vieux sage. Un proverbe chinois ne dit-il pas « l’homme a inventé de chat pour pouvoir caresser le tigre» ? Si les dessins de Lascaux ornent la couverture du livre, c’est pour nous rappeler l’origine mystérieuse du chat. Inconnu à la préhistoire, il pullule en Egypte, comme s’il avait été inventé avec l’écriture. Le livre de Stéphanie Hochet doit être lu en parallèle avec celui de la philosophe italienne Ludovica Scarpa, publié chez Autrement « Mon chat zen ». L’auteur surmenée apprend à vivre autrement le jour où le chat Zorro entre dans son existence avec l’autorité feutrée d’un maitre zen.

C’est une autre invention mystérieuse, celle du spiritisme, dont nous parle Hubert Haddad dans son roman « Théorie de la vilaine petite fille », publié chez Zulma. En 1848, à Hydesville, dans l’état de New York, deux adolescentes, Margaret et Kate Fox, respectivement âgée de 15 et 11 ans, s’interrogent sur la mort de leur jeune frère et laissent courir leur imagination. Kate, qui souffre de somnambulisme, entend des coups mystérieux dans la vieille demeure. Dans la moiteur d’une nuit sans lune, les hallucinations commencent. Avec un style remarquable, l’auteur nous montre comment l’ambiance violente, électrique, superstitieuse et biblique de l’époque joue sur l’imaginaire des fillettes. Un véritable délire collectif s’empare alors de la population. En 1855, le Français Alan Kardec posera les théories du spiritisme à partir de l’expérience des sœurs Fox.

Ambiance biblique, mais univers différent avec « Monastère » du Guatémaltèque Eduardo Halfon, publié chez Quai Voltaire. Eduardo débarque du Guatemala pour assister, à Jérusalem, au mariage de sa sœur qui épouse un juif orthodoxe. Seul le devoir familial l’a attiré en Terre Promise car il n’a aucun sentiment religieux. Bien au contraire, l’ambiance dans la ville trois fois sainte lui cause un véritable malaise. Mais les retrouvailles avec la belle et sensuelle Tamara, qu’il a connu autrefois, vont l’obliger à affronter les fantômes de sa propre histoire familiale.

Il est aussi question de religions dans « L’an prochain à Grenade », que Gérard de Cortanze publie chez Albin Michel. A Grenade, le 31 décembre 1066, cinq-mille Juifs sont massacrés par des intégristes musulmans (ce qui met à mal l’image lisse de la cohabitation dans l’Espagne médiévale). La jeune Gâlâh et son ami Halim échappent seuls à la tuerie. Gâlâh va alors traverser les continents et les siècles, véritables Juive errante portant la mémoire de son peuple. Elle est à Séville, à Tolède,  Lisbonne,  Oran,  Constantinople,  Venise,  Haarlem, Treblinka, Sarajevo, à New York, puis à Paris. Elle est l’éternelle victime que se déchirent islamistes, inquisiteurs, racistes, nazis et tueurs en tout genre. Comment nait le Mal ? Comment se perpétue la haine ?

Il est toujours question de massacres, mais entre Français, dans le livre de Michel Aubouin, paru au Cherche-Midi « Brissot, le roman d’un révolutionnaire ». Ce rousseauiste convaincu, moraliste vertueux et désintéressé, avait tout pour honorer l’idéal républicain et faire rayonner les Lumières. Mais sa route a croisé celle de Robespierre et de la Terreur. Accusé de conspiration, il finit sur l’échafaud.

Chez Calmann-Lévy, l’Américano-vénitienne Donna Leon nous propose « Deux veuves pour un testament », la vingtième enquête du commissaire Brunetti. En rentrant de vacances, Anna-Maria trouve sa voisine, Constanza Altavilla, morte, baignant dans une mare de sang. L’enquête conclue à une crise cardiaque suivie d’une chute, mais Brunetti pressent autre chose. Poursuivant sa quête, il découvre la vraie vie de la vieille dame à la personnalité complexe. Chaque témoin, tour à tour, semble pouvoir être le meurtrier, ou la victime d’un piège savant.

                                                                            JEAN-LUC  AUBARBIER.

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