TOTAL K.O.
Le Tour des Livres.
C’est un premier roman qui est une réussite. Laurine Lavieille situe à Limoges son premier polar, « Total K.O. », édité chez Geste. Alors qu’elle vient de perdre son compagnon, assassiné par un tueur à Marseille, Marika, officier de police, débarque à Limoges, avec sa fille Lisa. La ville lui est inconnue, bien différente de la vibrante cité phocéenne. L’apparente tranquillité ne va pas durer longtemps. Un homme, Valentin Cassan, vient signaler la disparition de sa femme Marianne. Le couple vit dans une bourgade rurale. Marika s’intéresse à un voisin, un écrivain qui semblait fasciné par la belle Marianne. Puis l’enquête se précipite : on retrouve le corps de la jeune femme ligoté, noyé dans un étang et des photos érotiques d’elle circulent sur le net. En même temps, l’homme qui a exécuté le compagnon de Marika est signalé à Limoges. Veux-t-il se venger de la jeune policière ? Une étude bien menée jusqu’au bout, dans un polar plutôt féminin.
« Limoges », c’est aussi le titre du roman que Pascal Herlem vient de publier chez Gallimard-L’Arbalète. Après la mort de sa sœur, le narrateur revient à Limoges où il a passé son enfance. Il y confronte ses souvenirs réels, ceux que ses parents lui ont racontés et sa vision personnelle de cette ville. Repoussant chaque jour le moment de se rendre au cimetière, il découvre des restaurants, des rues, se reconstituant un passé qui l’aidera à faire son deuil. Un récit bien écrit sur le mythe fondateur qui habite en chacun de nous.
Avec « La Méduse », paru chez de Fallois, Olivier Merle romance l’histoire vraie d’un naufrage annoncé. En 1816, quatre frégates françaises quittent l’ile d’Aix pour le Sénégal. Le meilleur navire, La Méduse, dirigée par le capitaine Hugues Duroy de Chaumareys, va faire naufrage, suite à l’incompétence de son commandant et aux conflits qui minent l’équipage, entre royalistes et bonapartistes. Quand La Méduse doit être évacuée, l’ignominie va prendre la barre : sur les 400 passagers, 150 sont abandonnées sur un radeau surpeuplé qui va dériver sur l’océan pendant dix jours. Les naufragés en viendront à s’entretuer pour survivre. Un des plus célèbres drames de la mer, illustré par un tableau de Géricault.
Chez Albin Michel, Aurélien Delsaux publie « Sangliers », l’histoire d’un petit village entre le Rhône et les Alpes, qui n’en finit pas de mourir. Seule la chasse aux sangliers fédère encore les habitants qui se retrouvent dans le dernier bistrot. Les vieux et leurs radotages n’intéressent plus grand monde. Dans ce monde qui se défait, quelques figures solitaires tentent de bâtir une vie au milieu d’un oasis de désespoir. Un roman puissant qui illustre l’abandon dans lequel se trouve une partie de la France d’aujourd’hui.
Au Cherche-Midi, l’actrice Clémentine Célarié publie « A la folie », un roman sur la normalité et la folie. Marguerite, la narratrice, ne trouve plus aucun sens à son existence. Un soir, elle rencontre un homme singulier qui lui ouvre les portes d’un autre monde, un centre où vivent des êtres dits « anormaux », physiquement ou mentalement. Elle croit y voir un havre de paix, de poésie et d’actions nécessaires ; un lieu où tout est à réinventer en permanence. Qui est fou ? Qu’est-ce que la normalité ? Autant de questions essentielles qui trouvent des réponses dans la vie des autres.
JEAN-LUC AUBARBIER.
ESSOR SARLADAIS DU 10 NOVEMBRE 2017 Article suivant
Salon du Livre de BLAYE, 9 et 10 décembre 2017.