RENCONTRES A LIMOGES.
Le Tour des Livres.
Le grand salon Lire à Limoges a été l’occasion de riches rencontres. Douglas Kennedy, pour commencer, qui venait y présenter son roman « Les hommes ont peur de la lumière », édité chez Belfond. Il occupe une place à part pour l’auteur, car il est comme une réponse à son premier grand succès. Il aurait pu l’intituler « L’homme qui ne voulait pas vivre sa vie ». Brendan, le narrateur, n’a jamais vraiment rien choisi : ni ses études d’ingénieur électricien, ni son métier de commercial, ni son épouse, Agnieska, militante pro-vie. C’est un conformiste, dans le sens du personnage de Moravia, que rien ne passionne. Ayant perdu son emploi, il accepte de devenir chauffeur Uber, constamment humilié par des clients eux-aussi pris dans le système. Lors d’une course, il vient en aide à Elise, qui secoure les femmes désirant avorter, malgré la pression religieuse (Brendan est catholique, mais a-t-il vraiment choisi ?). Un attentat a lieu, Brendan montre son courage, Elise et lui deviennent des amis. Mais Agniezka et ses camarades pro-vie ne l’entendent pas de cette oreille.
La comédienne Anne Parillaud (déjà croisée à La Plage aux écrivains) a des attaches sarladaises. Elle vient de publier, chez Robert Laffont, un premier roman tout à fait remarquable : « Les Abusés ». Dans un récit d’une longue introspection, il traite du pouvoir des hommes pervers sur les femmes vulnérables. Samuel est un pervers narcissique, autrement dit un manipulateur au charme redoutable. Adélie ne voit rien venir ; elle a eu un coup de foudre qui dure. Leurs relations toxiques ne parviennent pas à se démêler. On pourrait parler de vampirisme. Mais les blessures de la victime remontent à son enfance.
J’ai eu le plaisir de débattre, sur le thème Guerre et Territoire, avec Alizée Gau dont le premier roman « Minuit au bord du monde », paru au Cherche-Midi, traite d’un pays imaginaire (que l’on situe aisément dans les Balkans) qui se relève avec difficulté d’une guerre atroce. Les adversaires d’hier doivent apprendre à cohabiter, à oublier (même quand c’est impossible). Deux étrangers aux regards différents, nous livrent leurs analyses. Leila, violoniste, découvre ce pays avec un regard neuf. Tim, photographe de guerre, revient sur les traces d’un conflit qu’il a couvert quinze ans plus tôt. Art contre fantômes du passé. Un conte initiatique imprégné de réalité.
Autre participant au débat animé par Selma Bensouda, l’écrivain et dessinateur David Prudhomme auteur d’un roman graphique « Du bruit dans le ciel », publié chez Futuropolis. Pourquoi Châteauroux attire autant les artistes, de Gérard Depardieu, Christine Angot, Sylvie Germain ? David raconte ses souvenirs d’enfance, près de cette gigantesque base américaine, créée en 1951 et abandonnée après la sortie de l’Otan. Pourtant, l’immense piste voit encore des avions cargos s’envoler, chargés d’armes, vers des destinations secrètes. La friche où vivent l’auteur et ses parents se révèlent pleine de vie.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 10 juin 2022. Article suivant
Livre en Fête à Champcevinel 25 et 26 juin 2022.