La culture contre l’antisémitisme.

Le Tour des Livres.

Le retour virulent de l’antisémitisme dans nos sociétés oblige à une réaction : la culture n’est-elle pas le meilleur bouclier contre toutes les formes de racismes ? Dans son ouvrage ambitieux « Mythes Juifs. Le Retour du sacré », paru chez Calmann-Lévy, David Haziza rappelle la vision mythique du monde qui caractérise le judaïsme. Le mythe est vital pour toutes les sociétés, à tous les grands moments de l’histoire (lire « Ils nous fallait des mythes. La Révolution et ses imaginaires » d’Emmanuel de Waresquel chez Tallandier). Mais il peut être aussi vital que dangereux, aussi libérateur qu’oppressif. C’est pourquoi il ne doit jamais être oublié. L’auteur explore les traces de paganisme qui demeurent dans le judaïsme, entre pluralité divine, érotisme et part féminine. Un essai salutaire.

Chez Plon, Gilles Kepel publie deux essais qui disent ce rôle premier de la représentation imaginaire : « Holocaustes, Israël, Gaza et la guerre contre l’Occident » et « « Le Bouleversement du monde. L’Après 7 octobre ».  Il constate que si le gigantesque pogrom est aussi terrible que l’attaque du 11 septembre 2001 sur les tours jumelles de New York, il ne provoque pas les mêmes réactions. Les pays dit du Sud Global tentent d’effacer la Shoah pour la remplacer par un crime qui serait plus ‘grave’ encore : la colonisation qualifié à-posteriori de ‘génocide’. Des relais se trouvent dans la société occidentale pour porter ce message. 

Pour un retour historique sur le sujet, il faut lire l’excellent « Israël/Palestine. Anatomie d’un conflit », paru aux Arènes sous la plume de Thomas Snégaroff  et Vincent Lemire. Un retour aux sources sur ce conflit surmédiatisé qui nourrie l’antisémitisme dans nos sociétés.

Le journaliste israélien Amir Tibon, fut, quant à lui témoin du pogrom du 7 octobre. Sorti indemne du massacre qu’il suivit depuis son kibboutz de Nahal Oz, il réunit brillamment témoignage et analyse dans « Les Portes de Gaza » publié chez Christian Bourgois. 

Terminons ce tour de table de libraire avec « Israël, l’impossible Etat normal » de Denis Charbit, paru chez Calmann Lévy. Il y raconte l’histoire de ce pays à la fois très jeune (1948) et très vieux, sans frontières précises, qui oscille entre une paix juste et une reconnaissance nécessaire, mais aussi des envies d’expansions relayées par le mythe historique. Il y dénonce la discrimination envers les Arabes et entreprend de différencier le sionisme démocratique et le colonialisme messianique qu’il condamne. 

                                                                         Jean-Luc  Aubarbier.