MONDES ETRANGES.
Le Tour des Livres.
C’est un duel que nous propose Bernard Werber dans son dernier roman « La Diagonale des Reines » paru chez Albin Michel. Un duel qui oppose deux joueuses d’échecs, entre 1970 et 2050, et dont l’enjeu est le monde. L’une croit à la force du groupe, l’autre est une individualiste indécrottable. Au fur et à mesure que s’exacerbe leur rivalité, le monde succombe sous les guerres, les attaques terroristes et les espionnages en tout genre. Car le monde n’est qu’un vaste échiquier, divisé en manichéens carrés blancs et noirs. Nous les humains, nous ne sommes que les pièces sur la table de jeu, et le plus souvent, de simples pions que l’on sacrifie sans hésiter. Si, selon la formule d’Albert Einstein, « Dieu de joue pas aux dés », il est bien possible qu’il pratique, en maitre, les échecs.
Il n’est pas toujours bon de produire une invention qui pourrait changer la face du monde. C’est même dangereux. Tel est le thème du roman « Qui se souviendra de Phily-Jo ? » que Marcus Malte (prix Femina pour Le Garçon) publie chez Zulma. Combien d’inventeurs géniaux ont ainsi disparu sans que personne n’ai jamais entendu parler d’eux ? Phily-Jo a imaginé une machine à énergie libre, tout à fait révolutionnaire. Sa mort brutale reste un mystère. Qui avait intérêt à étouffer la découverte ? Des industriels menacés ? Des financiers obsédés par le rendement de leurs actions ? Les héritiers et disciples de Phily-Jo se lancent dans une quête de la vérité.
Avec « Toute une moitié du monde », paru chez Flammarion, Alice Zeniter (prix du Livre Inter, Goncourt et Renaudot des Lycéens) nous entraine dans les méandres de sa propre création et son propre plaisir de lectrice. A quoi sert un livre ? Dans quel univers nous fait-il basculer ? Des inconnus que nous rencontrons dans les pages, nous deviennent familiers. Un univers de fiction se transforme en notre quotidien. Doit-on faire confiance à l’auteur, ce schizophrène qui passe la plupart de son temps dans un monde qui n’existe pas ? Pourtant, il le fait partager à ses lecteurs. Le vrai nourrit le faux, et inversement. Je suis ce que je lis, je lis ce que je suis. Quelle expérience stimulante !
Une fiction qui pourrait être vraie, voilà le thème du roman « Le Roi » que Charlie Roquin publie aux éditions des Passe-Murailles. Louis, le narrateur, modeste pigiste, se voit engagé par Louis de Bourbon, héritier légitime du trône de France. Ce dernier entend restaurer la monarchie en se présentant aux élections présidentielles. Le narrateur doit rédiger ses discours. Louis pénètre dans l’univers théâtral des tenants de la couronne où tout est soigneusement codifié. A travers fictions et comédie, l’auteur nous fait partager les valeurs de la royauté. Un roman qui n’est pas sans rappeler l’excellent « Sire » de Jean Raspail.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 10 février 2023. Article suivant
Essor Sarladais du 24 février 2023.