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by • 17 novembre 2023 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 16 novembre 2023.343

Essor Sarladais du 16 novembre 2023.

Une romancière sarladaise finaliste du prix Médicis 2023.

Le Tour des Livres.

  Née en 1992, Elisa Shua Dusapin n’est restée que cinq années dans notre ville ; elle réside actuellement en Suisse. Elle vient de publier, chez Zoé, son quatrième roman « Le Vieil Incendie », qui se déroule en Périgord, près de Nontron. Deux sœurs se retrouvent pour vider la maison de leur père décédé. Narratrice du roman, Agathe, l’aînée, est scénariste à New York. Restée dans la région, Vera, la cadette, est aphasique et ne communique qu’à l’aide d’un écran. Tout doit disparaitre et la maison doit être rasée. Octave, un voisin, doit en récupérer les pierres pour restaurer un pigeonnier incendié. Les questions affluent : peut-on faire le deuil d’une maison ? Pourquoi la famille a-t-elle éclatée, après le départ de la mère ? Pourquoi les deux sœurs sont-elles restées si distantes ? Est-ce le silence qui les a séparées ? Un roman construit sur des phrases courtes, rythmées, percutantes, qui disent la douleur, et aussi la douceur. Un des talents les plus prometteurs de la littérature française, Elisa Shua Dusapin a vu son premier roman « Hiver à Sokcho » (Zoé éditions) couronné de plusieurs prix prestigieux : prix Régine Desforges, Robert Walser, Société des Gens de Lettres, National Book Award. « Le Vieil Incendie » est en lice pour le prix Médicis 2023.

Les éditions Philippe Rey rééditent le chef d’œuvre de l’Américaine Joyce Maynard « L’Homme de la Montagne ». En 1979, deux sœurs adolescentes, Rachel, la narratrice, et Patty, passent leurs vacances à vagabonder dans la montagne, près de San Francisco. Leur mère dépressive les laisse faire. Leur père, policier, est un séducteur impénitent. Des jeunes femmes sont violées et assassinées dans la montagne, le père est chargé de l’enquête. Par jeu, pour intégrer le groupe de copines qui les snobent, les deux gamines se lancent à la poursuite du tueur, inventant des indices, suivant leur instinct et les « visions » de Rachel. Elles se prennent pour les « Drôles de dames », série télévisée à la mode (le père surnomme son ainée Farrah, en référence à l’actrice Farrah Fawcett). Mais les jeux et les crimes font rarement bon ménage et le drame couve. Un magnifique roman d’apprentissage sur les fantasmes de l’adolescence dans les années 70, rythmé par la musique envoutante de l’époque.

Le Périgourdin Hervé Brunaux est poète et cela se voit. « Bibichette », paru aux « éditions Lanskine, est un polar de style, où l’intrigue est un prétexte pour voyager au cœur du délire de lire. « Elle n’en pouvait plus d’être aimé et c’est à partir de ce constat que, si l’on eut dire, elle décida de nuire. » Sur la route de Suite-dans-les-idées, véritable déesse Kali qui se consacre à la destruction, va se dresser Touche-à Rien, archange du Bien, la Conscience telle que l’imagine Victor Hugo dans son poème. La lutte du Bien contre le Mal s’annonce passionnante. Un livre, mélange de noir et de rose, qui invente un langage.

Chez Gallimard, le néerlandais Willem Frederik Hermans publie « La Maison Préservée ». Dans ce court roman qui se déroule sur le front de l’est, à la fin de la guerre, un homme, enrôlé de force dans les troupes soviétiques, se cache dans une demeure miraculeusement épargnée par les combats … jusqu’à ce qu’on vienne frapper à la porte. Une écriture à la poésie noire, belle et violente.

                                                                      Jean-Luc  Aubarbier.

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