UN MEURTRE PREHISTORIQUE.
Le Tour des Livres.
Pour les avoir découvertes dans « Le cloître des simples » et « Une vie en jachère », toujours aux éditions Souny, les lecteurs périgourdins connaissent bien Adeline Yzac et son héroïne, la gendarme d’élite Elina Seignabous qui, sauf quand elle est en mission à l’étranger, vit dans un cloître en Périgord. Sous le nouveau nom de plume d’Adeline Abadie, la romancière sarladaise nous propose un thriller au parfum de préhistoire : « Meurtre du fond des âges ». Si Ange, le commissaire, fait appel à Elina Seignabous pendant ses congés, c’est qu’il est devant une affaire inhabituelle. Deux corps étroitement enlacés ont été retrouvés sur le site de l’abri Mespoulet, près des Eyzies. Le premier, âgé de 35 ans, est l’archéologue Xavier Lenormand. Le second, âgé de 15.000 ans, est un homme préhistorique. Malgré cette mise en scène macabre, il s’agit bien d’un meurtre – le préhistorien a été assassiné avec la copie d’un harpon magdalénien – un meurtre qui réunit le chercheur et sa découverte. C’est la pleine lune : a-t-on affaire à un nécromancien ou à un nécrophile ? Qui est véritablement Xavier Lenormand ? Quand à la scène de crime, doublement fragile car c’est un site protégé, Elina note qu’on a rebouché l’excavation après le meurtre. Un roman policier qui est aussi une réflexion sur le temps.
Quand Mireille Calmel entreprend un nouveau cycle romanesque, on ne sait jamais jusqu’où elle va porter son lecteur. Avec « Les Lionnes de Venise », toujours chez XO, elle nous transporte dans la cité vénitienne, en 1627. La jeune Lucia a vu son père enlevé sous ses yeux par trois hommes armés, tandis que l’imprimerie familiale était dévorée par un incendie. Bien décidé à retrouver son père, elle comprend vite que l’affaire est liée à la reproduction d’une gravure que l’imprimeur a réalisée la veille pour le compte d’Isabella Rosselli, l’espionne des Doges. Lucia, qui ne manque ni de courage, ni de sang-froid, et qui manie l’épée et le poignard comme un bretteur, se lance dans une enquête qui la conduit dans les bas-fonds de la cité lacustre, jusqu’à affronter, la lame à la main, Giorgio Cornaro, le fils du doge, homme dangereux et corrompu. Un superbe roman historique où tous les personnages avancent masqués.
C’est à « Port-des-Vents », un village charentais entouré par la mer qui donne son titre au livre, que nous conduit le dernier roman d’Hortense Dufour, publié aux Presses de la Cité. Dans une des maisons, tous les hommes sont morts, mais une lignée de femmes courageuses et puissantes a su prendre le relais. « Quand on nait femmes, ici, il faut savoir tout faire. Aimer, accoucher, allaiter l’enfant, peiner au ménage, à la lessive, s’activer au plus dur : courbées sur la vase, les mains rougies, peiner au parc des huîtres et des coquillages ; renaitre, mourir ici. » Quatre générations qui maintiennent les traditions. Sauf Elena, qui est partie et ne revient que l’été…. Et la belle Adrienne, par qui tout est arrivé. Car il est des tempêtes humaines plus dévastatrices que les colères de la mer.
A La Table Ronde, Jérôme Leroy nous propose « Un peu tard dans la saison ». Un phénomène inexpliqué s’empare d’une partie de la population mondiale. Nommé l’Eclipse, il consiste à tout laisser tomber du jour au lendemain, travail, famille, et à disparaitre. Tandis que le monde sombre dans le chaos, entre crise économique et terrorisme, Guillaume Trimbert, écrivain en bout de course, est lui aussi, sans le savoir, candidat à l’Eclipse. Dix-sept ans plus tard, dans le Gers, pays où le bonheur est dans le pré, une nouvelle civilisation voit le jour, nommée la Douceur. Jérôme et Agnès, qui l’espionnait pour le compte des services secrets, s’y retrouvent.
JEAN-LUC AUBARBIER.