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by • 14 décembre 2023 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 15 décembre 2023.302

Essor Sarladais du 15 décembre 2023.

A Paris et en banlieue.

Le Tour des Livres.

     Un petit régal de lecture que ce roman du 9.3 de Thomas Reverdy, intitulé « Le Grand Secours » et paru chez Flammarion. Nous suivons une journée dans un lycée de Bondy, entre 7h30 et 17.00h Candice, la dynamique professeure de lettres, reçoit Paul, un écrivain en résidence dans le lycée. Il vient de Paris,  débarque comme dans une planète étrangère, mais il faut bien vivre et la poésie de paie pas. Le jeune Mo, collégien, assiste à une altercation entre un policier en civil et une bande de jeunes, il prend une photo de la castagne. Les conséquences vont se révéler dramatiques.  Il est plutôt bon élève, écrit en secret, est amoureux de Sara qui l’ignore. Drame de l’adolescence. Les figures des enseignants, de la principale, des élèves, sont tracées au cordeau – il faut dire que Thomas Reverdy est enseignant – l’écriture est travaillée à souhait, bien  rythmée, riche et précise. La journée est écrite comme une tragédie grecque, dont le chœur des personnages fait écho aux maux de notre société. Un excellent roman de cette rentrée littéraire.

Avec Patrick Modiano, on est sûr d’être à Paris, même si son nouveau roman, « La Danseuse », paru chez Gallimard, diffère un peu des précédents. Plus apaisé, le soleil perce un peu l’habituel brouillard. Plus autobiographique aussi, à l’époque où Modiano écrivait des chansons (Etonnez-moi, Benoît, chanté par Françoise Hardy, c’est lui). La danseuse (qui n’a pas de nom, toujours le thème de la mémoire er de l’oubli) fuit un passé douloureux. Un homme la traque. Elle se révèle dans sa discipline où elle s’engloutit tout entière. Modiano fait un parallèle entre la danse et l’écriture, là où il va trouver sa place et sortir de sa médiocrité. « Je n’étais rien », dit-il de lui-même. Régalons nous toujours de l’admirable poésie des noms des rues et des personnes dont use le narrateur, habituel piéton de Paris.

Ils sont marginaux mais leurs rêves les portent, même si la réalité n’est pas à la hauteur. Tels sont Mauve, Yaya, Mahdi et Sékouba, les personnages auxquels Clémentine Haenel donne vie dans « Pleins Phares » paru chez L’Arpenteur. Mauve conduit un taxi, et, comme dans le « Taxi Driver » de Scorcese, elle en voit de belles. Avec ses camarades, elle se réfugie dans des souvenirs emplis de couleurs. Les autres rêvent d’écrire, de dessiner, d’apprendre. Tous doivent trouver leur place dans la grande ville. Quatre solitudes qui se croisent et s’accordent, le temps d’une éclaircie. Un deuxième roman au style percutant qui révèlent les contradictions de notre société.

Les éditions de La Table Ronde rééditent en poche « Paris – Berry » de Frédéric Berthet. Le narrateur quitte la capitale pour écrire à la campagne, dans une maison d’emprunt. Mais son esprit le ramène toujours à Paris où ses souvenirs s’égrènent, quant il n’est pas détourné par la visite d’une jeune héritière en route vers le sud. Le court roman est la chronique d’une conquête : celle d’un paysage. Le même éditeur réédite, du même auteur, Felicidad », un recueil de nouvelles entre campagne et Paris.

                                                            Jean-Luc  Aubarbier.

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