LES VARIATIONS FANTÔMES.
Le Tour des Livres.
Les premières pages de l’excellent roman de Régis Descott, paru chez Jean-Claude Lattès, « Les variations fantômes » évoquent le vieux film d’horreur de Robert Wise « La maison du diable ». A la demande du propriétaire, l’autoritaire Philippe Wolf, un groupe de chasseurs de fantômes investit son vieux château pour découvrir l’origine de phénomènes inexpliqués. Tout y est : la demeure mystérieuse, le piano qui joue tout seul, les boules qui ricochent sur le billard, la vieille gouvernante revêche. Chacun des sept participants, regroupés autour du maitre, le docteur Morel, dispose d’un don de médium particulier : rêves prémonitoires, écriture automatique, photos révélatrices. La troupe découvre deux squelettes emmurés et parvient à reconstituer le drame qui s’est joué en ces lieux au début du XXe siècle. Mais soudain, la machine s’emballe : il semble que les esprits s’adressent à chacun des participants, pour des actes bien spécifiques qu’ils auraient commis ….. Un régal servi par un style des plus élégants.
Avec « Laissez-Nous faire », sous-titré « Manifeste des taiseux », paru chez Robert Laffont, Alexandre Jardin nous propose à la fois un récit, un pamphlet et un manifeste. Son combat : défendre l’émergence d’une société civile adulte (la notre est infantile à bien des égards) et solidaire, capable de prendre des décisions face au discrédit et à l’indécision des partis politiques. Son association « Bleu, blanc, zèbre » en est le fer de lance.
Chez Calmann-Lévy, Michel Peyramaure nous propose un roman limousin « La maison des tourbières ». Entre les deux guerres, sur le plateau des Millevaches, la fille de petits fermiers se découvre une passion pour les livres et la littérature. Son parcours sera rectiligne : d’abord, enseigner ce que l’on aime en devenant maitresse d’école, puis écrire elle-même. Quand un grand éditeur choisit de la publier, elle doit faire face à un dilemme : monter à Paris pour suivre son destin, en renonçant à la paix et à la nature qui sont son terreau.
Chez le même éditeur, Bernard Simonay nous offre un voyage en Touraine avec « Le marais des ombres ». La romancière Karine Delorme assiste à l’accident d’un avion de tourisme qui s’écrase dans les vignes, prés de Marcilly. L’appareil d’Alain Lauragais, la victime, a été saboté. Son père est mort dans des circonstances mystérieuses trente ans auparavant et son jeune frère échappe de peu à un accident de voiture. La police cherche la piste d’une vendetta familiale. Mais Karine pense à cette jeune fille de 17 ans, retrouvée morte dans le marais voisin, deux jours avant l’accident fatal.
Chez Grancher, le Périgourdin Martial Maury nous invite à découvrir « Le guide du père au foyer ». Père au foyer est une espèce en voie de développement, égalité des sexes oblige. Martial Maury nous fait bénéficier de sa propre expérience (être écrivain, marié avec des enfants est une expérience de P.A.F), avec des conseils astucieux et drôles pour devenir le P.A.F. le plus heureux de la planète.
Chez Calmann-Lévy, l’historien Radu Ioanid nous fait revivre un des moments les plus douloureux de la seconde guerre mondiale avec « Le pogrom de Jassy ». Entre le 28 juin et le 6 juillet 1941, plus de 13.000 juifs furent assassinés à Jassy, en Roumanie. Phénomène rare, les troupes allemandes furent autorisées à filmer et photographier le massacre pour envoyer des ‘souvenirs’ à leurs familles. Le livre révèle 127 photographies qui furent longtemps cachées dans les archives roumaines. Un choc !!!!
JEAN-LUC AUBARBIER.
ESSOR SARLADAIS du 7 MAI 2015. Article suivant
VILLENEUVE/LOT, salon du livre, 30 et 31 mai 2015.