Littérature d’autrefois.
Le Tour des Livres.
Les éditions Gallimard proposent au lecteur une nouvelle traduction, due à Philippe Jaworski, du chef d’œuvre de l’Américain John Dos Passos « Manhattan Transfer ». Au début du XX° siècle (le roman a été écrit dans les années Vingt) les destins de plusieurs personnages se croisent à New York, qui est le véritable héros du roman. Nous suivrons Ellen, née au premier chapitre, dont le père, modeste comptable, a de grandes espérances. Elle deviendra une actrice à succès. Baldwin, avocat sans clientèle et sans scrupules, s’enrichit sur la misère d’un homme renversé par un train. Jimmy Herf déchoit, d’une famille fortunée, jusqu’à l’humble place de journaliste. Tout comme Joé Harland, le ‘sorcier de Wall Street’, tombé dans la misère et l’alcoolisme. Tout bouge à toute vitesse dans ce roman écrit avec frénésie, tout comme est la vie dans la cité qui ne dort jamais. L’innovation, le progrès, élèvent les uns et broient les autres. New York, comme une gigantesque fourmilière, un estomac qui digère tout.
Michel Tournier mort en 2016, a laissé les textes de sept conférences publiées dans la collection Arcades Gallimard sous le titre « Contrebandier de la philosophie ». On y apprend que le romancier aux accents de conteur voulait d’abord être philosophe. Il y confirme son goût pour les contes traditionnels et la Bible (le mythe de l’ogre traverse son « Roi des Aulnes »). « Le mythe, c’est un personnage qui a échappé à son auteur » écrit-il en évoquant Robinson Crusoé. Il évoque ce métier d’artisan qu’est l’écriture, et le rôle du lecteur, tout aussi important que celui de l’auteur (« la parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute » disait Montaigne). Quand on écrit, la philosophie ne doit jamais transparaitre, sinon elle gâche le roman. Les textes sont agrémentés des questions du public.
Ecrivain maudit, fasciste, collaborateur qui « purifia » l’édition française pour le compte des Allemands, Drieu La Rochelle se suicida en 1945 pour échapper au peloton d’exécution. Ce fut aussi un grand romancier et l’on peut lire « Gilles », « Le Feu-Follet » ou « Une femme à sa fenêtre ». Les éditions Gallimard édite une nouvelle version de « L’Homme à cheval » où l’on retrouve ses thèmes privilégiés : l’écriture et la politique, la figure du chef. Gallimard publie également, sous le titre « Jouer Dantzig sur un match de football » l’intégralité de ses carnets intimes. On y découvre que ce grand ami de Malraux (bien qu’interdit de publications, il l’aida pendant l’Occupation), se réfugia pendant la débâcle de 1940 à La-Roque-Gageac (au même moment, son ancien ami Aragon était à Ribérac).
Dans la collection « Le roman d’un chef d’œuvre » éditée par les Ateliers Henry Daugier, Catherine Guennec publie « Sous le ciel immense selon O’Keeffe ». Cette toile, datant de 1935, d’une peintre célèbre aux Etats-Unis, mais méconnue en France, raconte l’histoire de Georgia O’Keeffe qui quitta New York pour les terres arides de l’Ouest américain.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 7 janvier 2022. Article suivant
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