La vraie vie d’Adeline Dieudonné.
Le Tour des Livres.
Phénomène de cette rentrée littéraire, « La Vraie Vie » premier roman de l’écrivaine belge Adeline Dieudonné (paru chez l’Iconoclaste), est qualifié de roman initiatique drôle et acide. Ce n’est rien de le dire, il faut le lire. Dans une famille en apparence ordinaire, le père, qui collectionne les trophées de chasse, agit avec les siens comme un prédateur. La mère, qualifiée d’amibe craintive, est inexistante, quand elle n’est pas battue. Mais ce sont les deux enfants qui font les frais de la situation. La narratrice, une fillette de 10 ans, est servie en proie aux amis chasseurs de son père. Avec son petit frère, ils s’inventent un monde à eux (comme le font tous les enfants), mais cet univers imaginaire, où bêtes et choses leur parlent, les protège. Un violent accident va grandement handicaper Gilles qui, dès lors, ne communiquera plus. En grandissant, il va développer des tendances sadiques. Mais quel parti va-t-il prendre ? Celui du chasseur, ou celui de la proie qui se rebelle ? Un ouvrage plébiscité par les lecteurs, dont on ne sort pas indemne.
Paru chez Buchet-Chastel, « Dix petites anarchistes », de Daniel de Roulet, est également un livre dérangeant. A la fin du 19° siècle, en Suisse, les femmes souffrent particulièrement de la précarité économique. Suivant les théories de l’anarchiste Bakounine, dix d’entre-elles s’embarquent pour l’Amérique du Sud. Elles vont tenter de créer une communauté où règnerait l’anarchie à l’état pur. L’idéal d’une vie sans loi, beau et utopique, a peu de chance de se réaliser, et il peut même se révéler dangereux. Mais si les cœurs sont purs et ardents, du bien peut également en sortir, pour peu qu’on y ajoute de l’amour et un grain de réalisme.
Michel Peyramaure nous invite à suivre les aventures d’un chevalier limousin lors de la septième croisade, avec « Les tentes noires », parues chez Calmann Lévy. A la suite du roi Louis IX, futur saint Louis, Foulque de Merle part pour la Palestine afin d’arracher Jérusalem des mains des Maures. C’est finalement en Egypte qu’il pose son barda, avant de combattre les Mamelouks et d’être fait prisonnier. Le chevalier limousin va éprouver une véritable fascination pour la civilisation musulmane… au point d’être tenté par la trahison.
Le rude univers des marins sert de cadre au dernier roman de Madeleine Mansiet-Berthaud, « La valse des mouettes », paru aux Presses de la Cité. Originaire de Meschers, sur l’estuaire de la Gironde, la jeune Gabrielle a choisi de servir comme auxiliaire au phare de Cordouan, le Versailles des mers. Le lieu ravive le souvenir de sa mère, Léa, morte en mer. Les mouettes qui évoluent autour du phare sont, selon une légende, les âmes des marins disparus. Un oiseau à gorge noire semble lui transmettre des messages de la défunte. Elle ne tarde pas à tomber amoureuse d’Alexis, son collègue. Mais la guerre éclate et, après la défaite, les Allemands occupent toute la côte.
Jean-Luc Aubarbier.
Dédicace à la librairie Marbot de Périgueux, le 15 décembre 2018. Article suivant
Essor Sarladais du 21 décembre 2018.