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by • 13 septembre 2019 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 13 septembre 20191369

Essor Sarladais du 13 septembre 2019

 

 

 

Darwin et Marx.

Le Tour des Livres.

 

En 1881, à Londres, deux célèbres vieillards sont soignés par le même médecin. C’est à partir de cette idée que la romancière allemande Ilona Jerger a composé un savoureux roman « Marx dans le jardin de Darwin », publié chez de Fallois. Charles Darwin, en révélant que l’homme, comme toute la nature, est le produit de l’évolution, et Karl Marx, en travaillant les soubassements de l’économie et de la lutte des classes, ont révolutionné la pensée humaine. Ils ont l’un et l’autre étaient conspués par leurs contemporains. Elevé dans le christianisme, Darwin a perçu sa théorie comme une religion harmonieuse de la nature, mais peu à peu, il est devenu athée, au grand  scandale de sa très croyante épouse. Il a lu « Le capital » que Marx lui a dédicacé, mais reste un libéral et un démocrate. Il apprécie son matérialisme et sa générosité, même si ses théories ressemblent à une religion de salut terrestre. Marx a lu « L’évolution des espèces » et admire de voir comment la science se substitue à la religion. Pour lui, Darwin est celui qui a sapé les fondements des récits bibliques. Beckett, leur médecin, est un philanthrope libre-penseur qui s’intéresse autant à leurs idées qu’à leurs maladies. Il va les accompagner jusque dans la mort, qui interviendra en 1882 pour Darwin, et en 1883 pour Marx.

C’est un terrible sujet que la romancière irlandaise Edna O’Brien a choisi de traiter dans « Girl », publié chez Sabine Wespieser. En 2014, deux-cents lycéennes nigérianes sont enlevées par la secte islamiste de Boko Haram. Elle se glisse dans la peau de l’une d’elles, Maryam, pour décrire, dans un long monologue, la surprise et la peur, lors du rapt, la violence avec laquelle elles sont traitées. Puis ce sont les viols, le mariage contraint avec Mahmoud, la conversion forcée à l’islam. Au-delà du désarroi, la terreur, la solitude, les mauvais traitements, il y a l’acceptation de son sort, car celles qui refusent ne survivent pas longtemps. La naissance d’un enfant ne la soulage pas : « je ne suis pas assez grande pour être ta mère » dit-elle à son bébé. Puis il y a son évasion avec son amie Buki, leur errance dans la jungle, leur survie dans le monde sauvage, impitoyable, qui parfois leur fait regretter leurs bourreaux. Mais le retour parmi les siens ne sera pas une affaire simple. Elle a été souillée, elle a un enfant illégitime dont le père est djihadiste, elle a trahi les siens, sa religion. C’est dans une nouvelle fuite, vers l’Occident, qu’elle trouvera enfin sa place.

Christian Laborie a le sens des récits épiques. Avec « Dans les yeux d’Ana », paru aux Presses de la Cité, il nous livre un roman aussi mystérieux que poignant. Diplomate à Lausanne, Sarah Goldberg apprend qu’elle hérite de sa mère d’une maison dans les Cévennes. N’y ayant aucune attache, elle s’y rend pour la vendre et découvre une inscription étrange : « ne cherche pas à savoir » et, dans une cache ; le journal d’Ana, sa mère. Toute l’histoire de sa famille, depuis les errances des années Vingt jusqu’aux rafles de 1943 va lui être restituée.

La Charentaise Marie-Bernadette Dupuy publie chez Calmann-Lévy « Le Cachot de Hautefaille ». La journaliste Diane Beaufort gagne l’Ecosse pour y trouver le calme, afin de rédiger son premier roman. Hélas, la tranquillité n’est pas au rendez-vous. Une série de meurtres ensanglante la région, tandis que la jeune femme, en visitant un vieux château, est sujette à des visions atroces.

 

Jean-Luc  Aubarbier.

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