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by • 12 décembre 2019 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 13 décembre 20191373

Essor Sarladais du 13 décembre 2019

La recherche du temps perdu de Patrick Modiano.

Le Tour des Livres.

    La parution d’un roman de Patrick Modiano, prix Nobel de littérature, est toujours un évènement, même si chaque livre semble reprendre le ton et le thème du précédent. « Encre sympathique », publié chez Gallimard, ne déroge pas à la règle. C’est que l’auteur, à travers des souvenirs réels ou inventés, laisse revenir dans sa mémoire des faits, des sensations, des sentiments qui constituent son existence. Comme chez Proust, un objet, une rencontre font ressurgir du passé un moment oublié. Le narrateur, un détective privé qui a tout d’Antoine Doinel, le héros de « Baisers volés » du regretté Truffaut, a pour mission de retrouver une certaine Noëlle Lefebvre, partie sans laisser d’adresse. L’enquête ne mène à rien mais, dix ans plus tard, des personnages évoqués apparaissent dans la vie du narrateur : Gérard Mourade, Françoise Steur ; des lieux ressurgissent : le dancing de la Marine. Les blancs dans la vie des personnages, comme autant de trous de mémoire, se comblent. Le roman est aussi une visite du Paris des années 60, où le présent et le passé se mêlent, comme le vrai et le faux.

Il fallait oser : Gilbert Sinoué donne la parole à la ville trois fois saintes dans « Moi Jérusalem » paru chez Plon. Il en est passé du monde, depuis les premiers habitants, nommés Jébuséens. D’ailleurs la mémoire originelle est plus mythique que réelle. La ville semble épuisée d’avoir vu défiler Hébreux, Babyloniens, Perses, Grecs, Romains, Chrétiens, Musulmans, Turcs. Elle pourrait être le cœur battant du monde ; mais trop de sang n’a-t-il pas été versé pour sa conquête ? La parti moderne de l’histoire est moins convaincante (peut-être parce qu’elle est trop complexe). Les Britanniques prennent le pouvoir, les Juifs reviennent et les Arabes veulent leur indépendance. Il faudrait un ouvrage entier pour démêler le problème israélo-palestinien. Mais avec un peu (beaucoup) de bonne volonté dans chaque camp, la paix ne serait pas impossible.

Voici un ouvrage original : « Eloge passionné des navigateurs » que Dominique Le Brun signe aux éditions Philippe Rey. L’auteur, spécialiste de la mer, évoque la mémoire de 55 navigateurs, depuis Noé jusqu’à Klaus Vogel, le sauveteur des migrants en Méditerranée. On y trouve des découvreurs : James Cook, Bougainville, Lapérouse ; des écrivains : Maupassant, Hemingway, Dumas. Le peintre Paul Signac cohabite avec le chanteur Jacques Brel. Bien sur les « vrais » navigateurs sont aussi présents : Tabarly, Kersauson, Alain Colas, Florence Arthaud. Car il y a mille-et-une raison d’aimer la mer. Pourtant, il faut être un peu fou pour aller dessus, pour défier cette masse qui sera toujours plus forte que nous. C’est peut-être ce grain de folie qui unit celles et ceux qui peuplent les pages de ce livre.

Frédéric Lenoir aime nous promener à travers la philosophie, avec des mots compréhensibles par tous. Paru chez Albin Michel, son dernier roman « La consolation de l’ange », nous fait dialoguer entre la vie et la mort, le destin et la liberté, le bonheur et l’amour, à travers deux personnages. Le jeune Hugo, 20 ans, se réveille à l’hôpital après une tentative de suicide. Il partage sa chambre avec Blanche, une vieille dame au bout du rouleau. Il n’attend plus rien de l’existence ; elle mesure le prix de chaque seconde. Leur dialogue sera un rayon de lumière.

                                                                                     Jean-Luc  Aubarbier.

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