Du coté de chez Proust.
Le Tour des Livres.
Avec « Proust, prix Goncourt », édité chez Gallimard, Thierry Laget nous raconte une aventure littéraire bien réelle. L’année 1913 avait vu la première tentative de Marcel Proust pour obtenir le plus prestigieux des prix littéraires. La concurrence était rude. Entre Larbaud, Alain-Fournier, Martin du Gard, Léon Werth et « Du coté de chez Swann », le jury n’avait pas su choisir. Il avait préféré couronner le fade et oublié Martin Elder. En 1919, Marcel Proust récidive et fait sa cour. Pourtant, en cet après-guerre tragique, la récompense semble promise aux « Croix de bois » de Roland Dorgelès. A moins que Carco ne vienne lui couper l’herbe sous les pieds. Qui osera défendre l’inclassable « A l’ombre des jeunes filles en fleurs » ? L’antisémite Léon Daudet prend l’affaire en main ; selon lui, peu importe que Proust soit ou non juif, il est grand. Rosny ainé, l’auteur de « La guerre du feu » lui apporte aussi son soutient. A la surprise générale, Marcel Proust obtient le fameux prix Goncourt, déclenchant aussitôt une véritable émeute littéraire. Un ouvrage à lire pour découvrir un étonnant contexte historique, et des tripatouillages de jury jamais passés de mode. Une belle occasion de lire ou relire Marcel Proust.
A la Table Ronde, dans la collection La Petite Vermillon, Christian Péchenard nous propose « Proust et les autres ». Proust à Cabourg, Proust et son père, Proust et Céleste, les trois parties qui composent l’ouvrage sont dignes d’une enquête policière, méthodique et subtile. L’auteur, un avocat décédé en 1996, nous fait découvrir l’auteur de « La recherche » comme s’il était lui-même un héros de roman, un personnage imaginaire. Une plongée dans l’intimité d’un immense écrivain, recommandée à tous ceux qui ne peuvent s’empêcher de le lire.
Avec « L’outrage fait à Sarah Ikker », publié chez Julliard, Yasmina Khadra entame une nouvelle trilogie pour explorer les tréfonds de la société marocaine. Sarah et Driss mènent une belle vie à Tanger. Jusqu’au jour où la jeune femme subit un viol dans sa propre maison. Driss n’a plus alors qu’une obsession : découvrir le coupable. Mais ce désir de vengeance le ronge, jusqu’à détruire les liens qui l’unissent à Sarah. Obsédé par l’acte, il en oublie la victime. Chacun va se refermer sur son malheur, jusqu’au moment où ils n’auront plus rien en commun.
Chez Calmann-Lévy, Camille de Peretti nous propose un excellent roman historique « Le sang des mirabelles ». Pendant que leur père est en Terre Sainte, Eléonore et Adelaïde ont été placées sous la protection du seigneur Ours qui décide d’épouser l’ainée. Eléonore est donc réduite à une vie fermée, destinée à la procréation, tandis qu’Adelaïde lui sert de dame de compagnie, sous la surveillance de Cathaud, l’austère sœur du seigneur Ours. Mais les deux jeunes femmes, s’aidant l’une l’autre, vont s’évader de ce carcan. Le monde qui les entoure n’est-il pas merveilleusement attirant ? Eléonore va découvrir l’amour véritable, tandis qu’Adelaïde se plonge dans l’étude de la médecine. En bravant les interdits de leur époque, les deux sœurs vont devoir affronter jugements et condamnations.
Jean-Luc Aubarbier.
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