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by • 1 mai 2020 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 1° MAI 2020.1247

ESSOR SARLADAIS du 1° MAI 2020.

ROMANS NOIRS SANS FRONTIERES.

Le Tour des Livres.

     Avec ses faux airs de Corto Maltese, Caryl Férey nous propose un thriller violent et exotique qui ne dément pas ses ouvrages précédents. Paru chez Gallimard, dans la collection Série Noire, « Paz » nous emmène dans une Colombie mal remise de sa longue et sanglante guerre avec les FARC. Les combattants marxistes gonflés d’idéal se sont reconvertis en trafiquants de drogue tout aussi féroces. Lautaro Bagader, colonel dans la police fut autrefois chargé de réprimer la guérilla. C’est un flic violent et raciste, mais d’une redoutable efficacité. Il doit résoudre une étrange affaire : 36 cadavres découpés en morceaux ont été éparpillés dans le pays, probablement largués d’un avion. Tous sont plus ou moins liés à l’aide humanitaire qui dissimule souvent d’anciens sympathisants des FARC. Agissant à la limite (inférieure) de la légalité, protégé par son père, Saul, véritable patriarche qui exerce la fonction de juge à la cour suprême, Lautaro croise la route de son frère Angel. Le jeune homme, qui avait rejoint la guérilla révolutionnaire, vit sous une nouvelle identité. Entre les deux frangins, ce n’est pas le grand amour. Mais il s’agit de retrouver la fille d’Angel, enlevée par les narcos.

C’est aussi l’histoire de deux frères  que tout oppose, Koja et Hub, que nous raconte Chris Kraus dans une œuvre monumentale et inclassable : « La fabrique des salauds », publiée chez Belfond. Originaires de Lettonie, ils ont connus la violence impitoyable avec la révolution bolchévique, à laquelle ils ont ajouté leurs propres tourments, liés à la passion qu’ils éprouvent pour leur sœur adoptive, Ev, rescapée d’un pogrom. Puis leur pays est tombé entre les mains d’Hitler. Hub s’est engagé dans la Wehrmacht. Ils ont travaillé pour Heydrich et les renseignements allemands en Lettonie.  Mais on peut être nazis et sauver des Juifs. Leurs vies d’espions traverseront les couloirs du KGB et du Mossad, au fil de l’histoire tourmentée de leur terre. Un roman noir et terrifiant où l’auteur allemand pose la question : quelle morale après Auschwitz ?

Elle porte le même nom que l’auteur précédent : Chris Kraus, mais elle est femme et américaine. Les éditions Flammarion viennent de traduire « Dans la fureur du monde ». Pour fuir une relation sado-maso qui tournait mal, Catt quitte la Californie pour Albuquerque où elle rénove des appartements. Elle embauche Paul qui sort de prison pour trafic de drogue. L’amour ne va pas tarder à aveugler sa prudence. Mais, peut-être, malgré un monde violent et fracturé, l’histoire pourrait connaitre une fin heureuse.

Dans la collection Territoires, chez Calmann-Lévy, Agathe Portail nous propose « L’Année du gel ». Après un hiver froid qui a ravagé ses vignes bordelaises, Bernard Mazet décide d’ouvrir des chambres d’hôtes dans sa propriété. Mais le crime va rapidement s’inviter dans son château, lorsque qu’un groupe le réserve pour une semaine. L’amitié vole en éclat, les drames personnels se révèlent, et on retrouve un cadavre dans la chambre froide. Il faudra beaucoup travailler la terre pour lui faire rendre tous ses secrets. Un premier roman remarqué.

Chez Fayard, François Dupaquier, spécialiste des conflits mondiaux, publie « Juste parmi les hommes », son premier roman. Anciens rebelles syriens, Ali et Miran ont trouvé refuge au Kansas. Lorsque le second est assassiné, Ali mène son enquête et tombe sur un scandale politico-financier lié à l’aide humanitaire. Traqué, il doit fuir, se cacher. Sur sa route, il croise Zoé, une journaliste idéaliste, Amadou, un migrant optimiste, Jacques, un officier français qui a, lui aussi, combattu en Syrie. Une chaîne humanitaire sans support légal va naturellement se former autour de lui.

                                                                    Jean-Luc Aubarbier.

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