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by • 24 avril 2025 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 25 avril 2025.37

Essor Sarladais du 25 avril 2025.

JEANNE ET GILLES.

Le Tour des Livres.

Stéphanie Hochet a l’art de nous troubler, grâce à des thèmes classiques revisités. Dans son nouveau roman « Armures », paru chez Rivages, elle reprend et modernise l’histoire de Jeanne d’Arc. C’est une fille rebelle qui ne veut pas rester à sa place, qui refuse le destin étroit réservé aux femmes de son époque. Elle revendique une vie libre et les fonctions masculines, s’habille en homme (elle sera condamnée au bûcher pour cela), chevauche comme un centaure féminin et va au combat. Les thèmes du roman sont résolument moderne : l’androgynie, la virginité (obsession de certains hommes). Mais Jeanne a un double maléfique, un ami qui lui voue une passion : Gilles de Rais, un homme fasciné par le meurtre. Il sera pourtant le seul à tenter de la sauver. Après la mort de la Pucelle, il sombrera dans son cauchemar, s’adonnant à la sorcellerie, violant des enfants et se baignant dans leur sang. Il sera, lui aussi, brûlé vif. Dans ce roman qui sonne comme un mystère médiéval, Stéphanie Hochet reprend le thème du merveilleux « Gilles et Jeanne » de Michel Tournier mais elle ose plus. S’identifiant à la Pucelle, elle l’inscrit dans sa propre histoire (ses racines sont à Tiffauges, fief de Gilles de Rais). Elle met au jour la proximité de la sainteté et de la monstruosité, identifiant son père comme l’Ogre (pas toujours monstrueux) et sa mère comme la Sainte, une fonction difficile à supporter pour soi et pour les autres.

Décédé en 2024, le merveilleux conteur Henri Gougaud nous envoie un ultime message avec son roman posthume « De ciel et de cendres » paru chez Albin Michel. Il puise à la même source que l’historien Emmanuel Leroy-Ladurie pour son extraordinaire « Montaillou, village occitan » : le registre d’inquisition de Jacques Fournier, évêque inquisiteur de Pamiers de 1317 à 1326, et futur pape Benoit XII. Il emprunte la voix de son greffier pour nous raconter la vie des gens simples de ce village pyrénéen, leurs parcours, leurs révoltes, leurs opinions et leurs croyances. Ils sont à moitié cathares à moitié catholiques, même le curé qui est aussi l’amant de la châtelaine, la belle Béatrice de Planissole. Un merveilleux voyage dans le temps et dans les âmes.

Avec « L’or de Jérusalem », paru chez Flammarion, Nathalie Cohen nous entraine à une époque que je viens d’explorer dans « L’évangile de Septimanie » (City éditions), la Palestine romaine. Nous sommes en 66 de notre ère, et le tyrannique Néron règne sur Rome. Marcus, officier, a déserté la légion et se réfugie en Galilée, avec son fils Alexander. Il espère que Gaïa, la femme qu’il aime, pourra les rejoindre. Mais une vestale qui connait l’amour d’un humain doit être punie de mort. L’Histoire va le rattraper. Les Juifs se sont révoltés contre Rome et l’empereur a envoyé des légions pour les mâter. Mais le véritable but de la guerre ne serait-il pas de s’emparer du trésor du Temple ?

Avec « Le Testament du chevalier », paru chez Robert Laffont, Arnaud Delalande nous plonge dans le plus célèbre des mythes médiévaux. En Normandie, des parchemins exhumés des fondations d’une église excitent les imaginations. Ne serait-ce pas les pages manquantes du « Perceval » de Chrétiens de Troyes ? Mais, plus encore, ne révèleraient-ils pas l’emplacement du saint Graal ?

                                                                          Jean-Luc Aubarbier.

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