GUERRE ET LITTERATURE.

Le Tour des Livres.

La seconde guerre mondiale est à la mode en cette rentrée littéraire. Après l’excellent « Les Guerriers de l’hiver » d’Olivier Norek, le romancier espagnol Arturo Perez-Reverte nous propose une autre guerre oubliée, celle que les plongeurs italiens ont menée dans le port de Gibraltar contre la flotte anglaise, avec « L’Italien », publié chez Gallimard. Comme pour le roman de Norek, l’auteur mêle la réalité et la fiction et laisse le lecteur seul juge. Dissimulés dans un pétrolier amarré dans le port espagnol d’Algésiras, les nageurs de combat traversent la baie sur des torpilles pour saboter les navires britanniques. Blessé, Teseo Lombardo est recueilli par Elena, une Espagnole,  libraire à Algesiras dont le mari a été tué accidentellement par la Navy à Mers-el-Kebir. Elle décide d’espionner la flotte britannique pour le compte des Italiens. Mais quelles sont ses motivations réelles: son amour pour Teseo, sa haine des Anglais, une adhésion idéologique au fascisme ? Elle nie tout en bloc, préférant parler d’un goût de l’aventure.

Pourquoi son grand-père est-il banni des fêtes familiales, absent à Noël et oublié aux anniversaires ? se demande la narratrice de « Une Double Faute », premier roman de Pascale Tournier, paru au Cherche-Midi. Elle découvre un homme pris dans la tourmente de l’Occupation. Haut fonctionnaire de l’administration de Vichy, il devient directeur de l’Economie Générale en 1943. La même année, il quitte sa femme et son fils pour Jeanne, une actrice juive. Les deux fautes pourraient s’annuler : collaboration économique et abandon du domicile conjugal. Elles vont s’additionner : ce sera l’opprobre puis l’oubli. Une vérité plus complexe qu’il n’y parait.

Quand on parle de passé trouble sous l’Occupation, on pense immédiatement à Patrick Modiano.  Les éditions Gallimard ont décidé d’honorer notre prix Nobel de littérature en publiant neuf de ces romans sous le titre générique « Paris des jours et des nuits ». Engloutie par le brouillard du climat et de la mémoire, Paris est omniprésente dans son œuvre. « Un enfant qui a dû sa naissance au Paris de l’Occupation », écrit-il. « Chaque rue, chaque carrefour, chaque entrée d’immeuble, chaque square, chaque station de métro vous rappelle un moment de votre vie. Mais s’agit-il simplement de votre vie ? »

Pour couronne cette période sombre, citons le livre de Johann Chapoutot, Christian Ingrao et Nicolas Patin « Le Monde nazi 1919 – 1945 » publié chez Tallandier. Une somme historique qui aborde de manière thématique le parti national-socialiste et ses crimes.

                                                                  Jean-Luc  Aubarbier.