Histoires d’amour et de vengeance.
Le Tour des Livres.
Avec « La Passagère de l’Espérance », publié aux Presses de la Cité, Jean-Guy Soumy poursuit dans la veine de la Révolution initiée avec « L’Aiguière brisée ». Déguisée en garçon, Junon de Saint-Hilaire débarque au Havre en 1802. Elle revient d’Amérique où elle a émigré avec ses parents, morts en exil, bien décidée à recouvrir ses droits. Mais, sous le Consulat, malgré l’amnistie, rien n’est fait pour aider ceux qui sont partis, toujours suspectés d’œuvrer contre la Révolution. Constant, son oncle qui l’accompagne, ne tarde pas à découvrir que son épouse restée en France, s’est remariée et qu’il a tout perdu. Junon pousse jusqu’à Limoges, berceau de sa famille, pour découvrir ce qu’est devenue sa petite sœur, Alice, que ses parents ont dû abandonner entre les mains d’une nourrice, lors de leur fuite en 1792. Une famille de profiteurs, les Montrol, ont mis la main sur ses biens et Alice a été transformée en domestique. Un roman a la lecture dès plus agréable, où l’auteur utilise en alternance le « je » pour donner la parole à son héroïne, et le « elle » pour nous plonger dans la dimension historique du roman.
En juin 1964, un bateau aborde Marseille avec, à son bord, le capitaine Roger Lachaud qui vient de quitter définitivement l’Algérie avec ses hommes. A bord, il sympathise avec Claire de Puymagnac, veuve de guerre qui, comme lui, regagne leur Limousin natal. Elle y a encore sa grand-mère, dans un vieux château délabré. Lui n’a plus rien. Toute sa famille a péri pendant la guerre et sa ferme a été incendiée par les nazis. Sa mère, sa sœur et Luce, son premier amour, ont perdu la vie dans les combats pour la libération de la France. Roger revient pour découvrir qui les a dénoncées et conduites à la mort, avec la ferme intention de se venger. Le père de Claire, un collabo notoire, est-il pour quelque chose dans ce drame ? Le roman de Georges-Patrick Gleize, paru chez Calmann-Lévy et intitulé « Comme une odeur de gentiane » est bien documenté sur l’époque, le retour des Pieds-Noirs et les ravages de l’exode rural en Limousin.
C’est au début de la Renaissance, près de Narbonne, que nous conduit Florence Roche avec « Le Reliquaire d’Andréa », publié aux Presses de la Cité. Novice dans une abbaye, Héloïse a été élevée par sa mère, qui tient un moulin à huile. Elle n’a que de vagues souvenirs de son enfance, mais elle s’étonne des égards que l’abbesse a pour elle. Elle décide de prendre le voile pour découvrir le mystère de ses origines. Est-elle ce bébé abandonné à l’abbaye, avec une petite fortune dans son berceau ? Est-elle venue d’Espagne avec des Juifs chassés par la reine Isabelle ? Le secret est bien plus terrible.
Courage et fraternité sont au cœur du roman de Frédérique Volot, « Les Larmes secrètes » chez le même éditeur. Gardien de la paix à Paris, Fernand s’est lié d’amitié avec des membres de la communauté russe, réfugiés dans la capitale française pour fuir le bolchévisme. En 1941, les Russes deviennent apatrides et sont poursuivis par la police de Vichy et la Gestapo. Fernand les cache dans un hôtel appartenant à Renée, son épouse, où ils pensent pouvoir atteindre la fin de la guerre sans encombre.
Jean-Luc Aubarbier.
Salon du livre de Beaupuy (47) les 16 et 17 novembre 2024. Article suivant
Dédicace à Bègles (33) le 23 novembre 2024.