REVOLUTION.
Le Tour des Livres.
Depuis que j’ai publié « Le Fils du cabaretier » qui se déroule à la même époque, je regarde d’un autre œil l’excellente série : les enquêtes de Victor Dauterive de Jean-Christophe Portes (City éditions). Chaque volume se lit séparément des autres, et pourtant la Révolution française fait le lien. Le huitième opus, « La Conspiration des Royalises » nous entraine en pays breton. Tandis qu’il traque les espions anglais, le capitaine Dauterive retrouve son meilleur ami, Duperrier, un vieillard inoffensif, assassiné. En menant son enquête, il découvre la vie caché de son compagnon, ses amours de jeunesse, sous l’Ancien Régime, quand un fils de rien, même diplômé, ne saurait aimer une jeune aristocrate. Alors qu’il pense mettre la main sur le meurtrier, Dauterive tombe au commencement de la révolte vendéenne, au début de l’an 1793. La Terreur va s’abattre sur la France. Un roman passionnant, tant sur le fond que sur la forme.
Il est des révolutions spirituelles ; celle de maître Eckhart, au moyen-âge, en fait partie. L’excellent roman historique « Croix de Cendre » d’Antoine Senanque, publié chez Grasset, nous plonge au milieu du XIV° siècle, dans une Occitanie encore ravagée par le souvenir de la croisade contre les Albigeois. Deux moines dominicains de l’abbaye de Verfeil tombent entre les mains du Grand Inquisiteur de Toulouse. Tandis que Robert, sensuel et endurant, est retenu en otage, son ami l’intellectuel Antonin est obligé d’espionner leur prieur, le vieux Guillaume, qui a entreprit de rédiger ses mémoires. Dans sa jeunesse, il a connu maître Eckhart, celui qui avait proposé de séparer ce que les humains pouvaient connaitre de Dieu, de la déilté véritable. Son approche fut jugée hérétique, d’autant plus qu’il protégeait les béguines, ces femmes laïques qui voulaient vivre saintement en communauté. A la même époque, la Grande Peste a frappé l’Europe, tuant la moitié de sa population. Qui l’a ramenée d’Orient ? Un roman remarquable qui nous offre un voyage en spiritualité, usant d’un vocabulaire souvent moderne pour mieux nous faire découvrir la pensée médiévale.
L’Américaine Katherine Neville propose, au Cherche-Midi, son premier roman intitulé « Le Huit ». En 1790, tandis que la Révolution menace les couvents, la mère supérieure de l’abbaye de Montglane charge deux novices de mettre à l’abri les pièces d’un mystérieux jeu d’échecs. Talleyrand, Robespierre et Bonaparte rêvent d’en contrôler les pouvoirs. En 1972, Catherine Vélis, spécialiste des échecs, est contactée par un antiquaire pour retrouver ce jeu. Un thriller historique envoûtant dont l’intrigue se déroule comme une partie d’échecs.
Chez de Borée poche, Gilles de Becdelièvre publie « Le Hussard fou de Napoléon ». Il y retrace la vie du général de cavalerie Lasalle, entre les batailles d’Essling et de Wagram. Ce guerrier rebelle était un excellent ami du général Fournier-Sarlovèse, frère d’arme et compagnon de beuverie. Il apparait, aux côtés de notre Sarladais, dans « Le Fils du cabaretier ».
Jean-Luc Aubarbier.
Lire en poche à Gradignan, les 12 et 13 octobre 2024. Article suivant
Essor Sarladais du 4 octobre 2024.