EN TERRE D’ISLAM.

Le Tour des Livres.

    C’est un roman profond et grave que nous propose Xavier-Marie Bonnot avec « Place du Paradis », paru chez Récamier. Marie a rejoint l’état islamique, en suivant son époux, Fabien, un converti devenu un des bourreaux de Daesh. A présent veuve, arrêtée par les Kurdes, elle s’évade de Syrie et gagne la France. Elle n’a qu’une idée : retrouver son fils, disparu dans la tourmente. Mais elle devra, auparavant, être jugée et payer pour sa complicité criminelle. Le roman se déroule sur les pas de Pierre, un journaliste qui a rencontrée Marie en Syrie, et que la juge interroge. Il raconte la crise du monde musulman, l’émergence de l’islam radical, les printemps arabe que suivent des automnes islamiques. Le lecteur découvre l’histoire de Marie, une adolescente révoltée qui a grandi à Lunel, bien loin des milieux radicalisés. Le personnage est complexe, brisé, ni vraiment coupable ni innocent. Dans un échange tragique et désespéré, Marie charge Pierre de retrouver son fils.

Ancien agent de la D.G.S.E. Victor K. a créé la série « Service action » dont nous découvrons le quatrième volet « Le chevalier de Jérusalem », paru chez Robert Laffont. De l’Afrique au Proche Orient, la guerre fait rage. Les forces Wagner, rebaptisé « Afrika Corps » (tout un programme), chassent l’armée française. Un seul homme pourrait négocier la paix ; on le connait sous le pseudonyme de « Chevalier de Jérusalem ». Membre de l’Ordre canonial des Chevaliers du Saint-Sépulcre, il a déjà opéré avec profit pour la paix. Mais cet être sans trop de scrupule est prisonnier des miliciens de Wagner. Coralie Desnoyers, alias Athéna, responsable du Service Action, est chargée de le libérer. Un roman à l’univers trouble où les amis peuvent parfois se comporter en ennemi, et l’inverse.

C’est un voyage à travers l’Iran, qu’il a personnellement effectué, que nous propose François-Henri Désérable avec « L’Usure d’un monde » paru chez Gallimard. Après la mort de Masha Amini, tuée pour avoir refusé de porter le voile, l’auteur passe quarante jours au pays des mollahs, entre répression policière et vie quotidienne. Il nous présente un régime non réformable, à abattre, mais aussi une population cultivée, avide de liberté, qui sait mettre de l’humour sur ses malheurs, à travers des diversités surprenantes. Nous sommes invités à ne pas juger les Iraniens uniquement du point de vue religieux.

Qui suis-je ? s’interroge Sofiane Si Merabet dans son ouvrage « L’Arabe confus » publié chez Belfond. Né en France, de parents algériens, est il un franco-algérien, un fils d’immigré, un musulman ? L’auteur prône un multiculturalisme qui serait une chance, à travers l’univers complexe du déracinement,  des souvenirs personnels et de l’histoire contemporaine.

                                                                                     Jean-Luc Aubarbier.