Misérable Victor Hugo.
Le Tour des Livres.
Victor Hugo, notre plus grand écrivain (c’est ainsi qu’on le considère) est à l’honneur dans les librairies. Déjà auteur du « Dictionnaire amoureux de Victor Hugo » (Plon), Sébastien Spitzer nous raconte une des maitresses les moins connues du poète dans son roman « Léonie B. » paru chez Albin Michel. Après une enfance difficile où elle a appris la liberté, Léonie, à 19 ans, embarque pour le Spitzberg avec son amant, le peintre Biard. Au retour de cette expédition scientifique, elle l’épouse, bien qu’il ait vingt ans de plus qu’elle. Déçue par sa vie de femme et de mère de famille, elle tombe amoureuse de notre écrivain national. Hugo est fou de cette blonde jeune femme qui n’a pas froid aux yeux. Léonie va payer très cher sa liberté. Arrêtée pour adultère, elle sera emprisonnée à Saint-Lazare. Victor l’aidera en cachette, redoutant de perdre sa pairie. Le roman nous entraine à la rencontre de personnages et de scènes qui inspireront « les Misérables ». On croise ainsi un jeune voyou (Gavroche), une prostituée (Fantine), dans une galerie de « Choses vues ».
C’est également « Les Misérables » qui donnent à Olivier Rolin le thème de son remarquable récit « Jusqu’à ce que mort s’ensuive » (Gallimard) que l’on pourrait comparer, pour le fond, la forme et la qualité littéraire, à Hervé Le Tellier avec « Le Nom sur le mur ». Victor Hugo y cite deux « chefs de barricades », deux révolutionnaires au destin contrarié dont il détaille la vie dans « Histoire d’un crime ». Emmanuel Barthelemy, le « gamin tragique », ouvrier mécanicien, est une sorte de Robespierre qui veut éradiquer ceux qui ne pensent pas comme lui. Condamné, il s’évade et gagne Londres. Ancien officier de marine, Frédéric Cournet est un géant truculent qu’a fréquenté Hugo. Après le coup d’état de Louis-Napoléon, l’écrivain part pour Jersey et le marin pour Londres. Dans la capitale anglaise, Barthelemy et Cournet se croisent et se haïssent aussitôt. Différences d’idées et de caractères. Cournet accuse Barthelemy de renseigner la police. L’autre le provoque en duel et le tue.
Chez le même éditeur, Jean-Marie Rouart publie « La maîtresse italienne », un roman vrai sur la fin de l’Empire. Napoléon aurait-il pu réussir son évasion de l’ile d’Elbe, sans l’aide de la belle comtesse Miniaci qui charme son geôlier, le colonel Campbell ? La blonde Florentine mène le bal sur ce royaume minuscule et artificiel où tout le monde s’épie. Avec son style classique et élégant, l’académicien nous démontre comment une histoire d’amour peut changer la face du monde.
Remarquable récit que cet « Hiver 1812 », paru à la Table Ronde et dû au talent de Michel Bernard. De l’entrée de Napoléon à Moscou, en septembre 1812, jusqu’à la sortie du piège russe, nous suivons la Grande Armée qui, à chaque bataille, à chaque tempête, s’amenuisent. Nous suivons en particulier dix personnages qui survivront et raconteront leur souffrance. Neuf hommes et une femme. Louise Fusil est comédienne et chanteuse. Parmi les autres, on citera le sergent Bourgogne, de la Jeune Garde, le lieutenant d’artillerie Lyautey (grand-père du Lyautey que nous connaissons), le commissaire des guerres Henri Beyle qui deviendra écrivain sous le nom de Stendhal. Un récit très détaillé, épique, ébouriffant, où le Sarladais Fournier-Sarlovèse s’illustre sur la Bérézina.
Jean-Luc Aubarbier.
Essor Sarladais du 12 juillet 2024. Article suivant
Essor Sarladais du 26 juillet 2024.