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by • 14 juin 2024 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 14 juin 2024.364

Essor Sarladais du 14 juin 2024.

Leçons d’Histoire.

Le Tour des Livres.

  On avait laissé Hervé le Tellier avec un prix Goncourt pour « L’anomalie », une œuvre proche de la science fiction, on le retrouve, toujours chez Gallimard, avec « Le Nom sur le mur », un récit sur la vie d’un résistant anonyme. Mais on ne pourra jamais reprocher la banalité au président de l’OULIPO, spécialiste de l’écriture sous contrainte. Lorsqu’il achète une maison dans la Drôme, l’auteur y découvre un nom gravé, celui d’André Chaix. Après enquête, il apprend qu’il s’agit d’un jeune résistant, tué au combat en 1944. Hervé Le Tellier ne va pas romancer l’existence de ce jeune homme, mort à 20 ans, ni chercher à le faire revivre à la manière d’un historien. Il mène une enquête scrupuleuse, nous fais découvrir, à l’aide de photo, des objets qui lui ont appartenu, son visage juvénile, des images d’archive. Il recherche le programme du cinéma local où André a pu se rendre, avec Simone,  sa fiancée. Peu à peu, en mettant des objets, des faits, à la disposition du lecteur, c’est ce dernier qui devient un familier du garçon disparu si jeune. Une expérience inoubliable pour ce lecteur ou cette lectrice.

C’est une autre page du nazisme que nous fait revivre Caroline de Mulder avec « La Pouponnière d’Himmler », chez le même éditeur. Trois personnages animent les pages de ce roman centré sur un Lebensborn, une de ces maternités inventée par Himmler pour promouvoir la race aryenne (Les S.S. venaient s’y reproduire avec des femmes de « races supérieures » et les enfants devenaient propriété du Reich). Pour Renée, une française enceinte d’un soldat allemand qui l’a abandonnée, c’est tout d’abord un refuge. Les filles-mères y sont acceptées. Mais le lebensborn fait partie de la S.S., les mères doivent correspondre aux critères raciaux, et les enfants mal formés y sont éliminés.  Pour Helga, infirmière détachée de Dachau, c’est une activité utile au Reich, mais les doutes ne tardent pas à s’instiller en elle. Les préoccupations morales traversent tous les personnages du roman, même si Caroline de Mulder raconte sans juger. Le troisième personnage, Marek, est un déporté polonais détaché comme jardinier. Il n’est rien, peut être éliminé du jour au lendemain. Nous vivons l’agonie du Reich, l’armée américaine se rapproche : il ne doit subsister aucune trace de l’expérience.

Pour un premier roman, c’est un coup de maitre qu’a réussi Philippe Collin avec « Le Barman du Ritz », publié chez Albin Michel. A partir de 1940, Paris doit apprendre à vivre sous l’Occupation. C’est aussi la ville de plaisir des Allemands. Malgré le couvre-feu, le bar du Ritz, où opère Frank Meier, le meilleur barman du monde, reste ouvert pour faire découvrir l’art de vivre à la française. Tout ce qui compte le fréquente : officiers allemands, gestapistes viennent trinquer avec Coco Chanel et Sacha Guitry. Le barman joue les diplomates et les entremetteurs, pour le plaisir de tous. Ce qu’ils ignorent, c’est que Frank Meier est juif. D’après une histoire vraie.

Chez Ramsay, Marie-Chantal Guilmin fait se rencontrer passé douloureux et présent heureux au fil de son roman « C’est arrivé par hasard ». Au cours d’une visite scolaire à Oradour-sur-Glane, deux lycéens, Pauline et Nikolaus, tombent amoureux. Elle est française, il est allemand et leur grand-père respectif a participé au tragique évènement de 1944 en Haute-Vienne. Quand la réconciliation doit franchir les barrages du temps …

                                                                                    Jean-Luc  Aubarbier.

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