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by • 2 mai 2024 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 3 mai 2024.335

Essor Sarladais du 3 mai 2024.

ANN SCOTT, PRIX RENAUDOT 2023.

Le Tour des Livres.

   La Bretagne profonde vue par une romancière parisienne, tel est le thème du roman « Les Insolents », d’Ann Scott, paru chez Calmann Lévy et qui a obtenu le prix Renaudot 2023. Compositrice de film, Alex décide de changer de vie. Elle quitte Paris,  ses amis fidèles Alex et Margot, et son amoureux, pour louer une petite maison dans un village perdu du Finistère. La solitude, la mer, la nature, seront profitables à sa création, pense-t-elle. On peut composer partout. Elle oublie qu’elle n’a ni voiture ni permis, que son métier comporte une part de relation qui, toutes, se trouvent à Paris. Elle compte sur les visites de ses amis, mais Jacques, galeriste, a sa vie à Saint-Germain-des-Prés, et Margot ne supporte pas la campagne. Une réflexion sur les rêves déçus,  sur l’absurdité de la vie contemporaine et sur la solitude qui peut, in fine, apporter la sérénité. 

C’est une autre forme d’aventure solitaire que nous popose Xavier de Moulins avec « La Fin d’un Monde » paru chez Flammarion. Quand Edouard, patriarche d’une vieille famille d’aristocrates, décide de vendre le château, centre de la fratrie, c’est tout un monde très ancien qui se met en mouvement avec lenteur. Les fantômes, les mensonges, les secrets de famille prennent leur envol. Le château est isolé, mais il est un cocon, un refuge, où toutes les relations sont codifiées. L’auteur s’adresse au héros, Luigi, le neveu d’Edouard qu’il traite comme son fils, à la deuxième personne du singulier. Un « Tu » qui pourrait tuer un univers, pour en créer un autre. Les phrases se répètent comme des mantras, des injonctions.

Avec « Les vies rêvées de la baronne d’Oettingen », paru chez Albin Michel, Thomas Snégaroff nous introduit dans l’univers étrange de celle qui fut l’amie de son arrière-grand-père. Née en Ukraine en 1887, Elena Miontchinska fut une grande figure de la Belle Epoque. Tour à tour peintre, mécène, romancière et poétesse, elle fréquenta la bohème fiévreuse de Montparnasse : Modigliani, Apollinaire, Picasso et le Douanier Rousseau. Une femme éprise de liberté, dont la vie est un roman.

A chaque époque ses mœurs et ses tolérances. C’est un peu la morale du roman de Pascale Kramer, paru chez Flammarion, « Les Indulgences ». L’histoire commence en 1977 par le déménagement de la grand-mère de Clémence. Toute la famille est réunie. Vincent, l’homme à femme, celui qui a réussi, charme sa nièce. Quatre ans plus tard, Clémence devient sa maitresse. Scandale dans la famille. A travers trois générations de femmes, Pascale Kramer analyse l’esprit de chaque époque, ses indulgences et ses excès. Regret, consentement, silence, accusation, tout y passe. Une mise en scène des ambigüités de l’existence.

                                                                                Jean-Luc  AUBARBIER.  

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